Titre : Samedi 14 Novembre
Auteur : Vincent Villeminot
Editions : Sarbacane (Exprim’)
Année de parution : 2016
Pages : 216 pages
Prix : 15,50 €
Résumé :
Vendredi, 13 novembre 2015. B. était à la terrasse d’un café, quand les terroristes ont tiré. Son frère est mort, lui s’en sort indemne.
Il quitte l’hôpital au matin, monte dans le métro. Son regard croise celui d’un passager.
Il reconnaît le visage de l’un des tueurs et décide de le suivre.
Mon opinion personnelle :
Je commence par remercier Théophile et les éditions Sarbacane pour cet envoi bouleversant !
J’avoue qu’en entendant qu’un roman portant sur les attentats de Novembre 2015 allait sortir, j’ai été très, très, très dubitative. Pour moi, c’était trop tout : Trop risqué, trop tôt, trop osé, trop trop trop. Et puis, j’ai su que c’était les éditions Sarbacane qui le sortaient. Et puis, j’ai su que c’était Vincent Villeminot qui l’avait écrit. Alors, ma vision des choses à changer : J’avais une confiance totale en ce que j’allais lire. Et j’ai vraiment bien fait.
Les personnages, principaux comme secondaires, sont saisissants. Il y a bien sûr B, le personnage principal. Ce jeune homme est brûlant de sincérité, et dégage une puissance émotionnelle absolument folle. On ne peut qu’être touché, frappé par son histoire, par l’authenticité de ses actes, de ses sentiments. Il évolue énormément tout au long du livre, mais sur un laps de temps au final très court, ce qui est encore plus cinglant, quand on y réfléchit bien. A travers ses souvenirs, on apprend à faire la connaissance de Pierre, son grand frère, qu’on voit un peu comme un héros, voire, j’ose le mot, comme un martyr. Sans réellement le connaître, on se prend d’affection pour lui, pour sa vie avortée. Et puis, il y a le tueur. Que vous dire de ce personnage ? Je ne veux pas trop vous en dire, car le sens de ce roman réside en partie dans la personnalité de ce criminel. Je dirai simplement que ce que l’auteur est parvenu à faire de ce meurtrier est absolument brillant, car aussi simple qu’inattendu, aussi sensé que fou… Bref, c’est parfait. J’aurai quelques mots à vous dire également sur les personnages secondaires, je vous donne cependant rendez-vous un peu plus bas dans l’article…
Le style de Vincent Villeminot est incontestablement révélateur d’un très, très grand talent. J’avais en mémoire des romans comme Réseau(x), ou comme Ma famille normale contre les zombies ; très portés sur la fiction donc, mais écrits avec une précision incroyable, et une richesse perceptible dans chaque mot. Si je connaissais son écriture comme porteuse d’action ou d’humour, ici, je l’ai découverte emplie d’émotions, de réalisme. Et je n’ai absolument pas été déçue ; bien au contraire. Il n’y aucun doute : Vincent Villeminot est un auteur complet, qui peut non seulement toucher à tout, mais aussi réussir tout ce qu’il touche. Il y a une telle force dans ses mots, que ces derniers vous happent, et il devient impossible de lâcher l’ouvrage. Vous ne faites plus qu’un avec votre lecture, vous êtes cloué sur place, figé par la gifle littéraire que vous vous prenez. Le style de l’auteur n’est pas que beau, il est aussi efficace, et fait de ce roman une lecture encore plus urgente, incontournable. C’est une pépite, croyez-moi…
Soyons honnête : L’intrigue peut faire peur. Pour un événement si récent, sans véritable recul historique possible, l’équilibre entre réalité et fiction peut être extrêmement délicat à trouver. Pourtant, ce livre le fait parfaitement bien. Et quand j’emploie l’adverbe « parfaitement », je pèse mon mot. L’auteur part d’un drame concret, précis, pour faire dériver son récit sur une histoire totalement universelle. Ce que je veux dire, c’est que si le début du texte se base effectivement sur les attentats de Novembre 2015, la réflexion conduite, elle, pourrait convenir à de très (tristement trop…) nombreuses situations. Et ça, c’est quelque chose que j’ai grandement apprécié. Je ne vais pas vous mentir : Cette histoire est violente, dure. Néanmoins, elle est absolument nécessaire. Et au-delà du sang, il y a la pensée, l’émotionnel. Dans cet ouvrage, il n’est pas question de porter un jugement, de pointer du doigt une religion, une politique. Il s’agit d’un livre engagé, c’est net, mais sentimentalement engagé. Ce bouquin, d’un humanisme profond, vous bouleverse par sa capacité à s’immiscer dans des intimités émotionnelles. Une des choses qui m’ont le plus marquée dans cette lecture, ce sont notamment les entractes. Ces petites pauses dans le récit de base sont impressionnantes. Elles mettent en scène de multiples personnages, qui incarnent à peu près toutes les réactions possibles et imaginables que chacun d’entre nous a pu avoir suite aux attentats. Je pense ne pas me tromper si j’affirme que qui que vous soyez derrière votre écran, vous allez pouvoir vous retrouver dans au moins un des personnages. Ainsi, le lecteur ne fait pas qu’assister à l’histoire, il ne fait pas que prendre conscience, il s’identifie à ce récit, il se sent alors d’autant plus concerné. On réalise ainsi que cette histoire, quelque part, c’est aussi un peu la nôtre, et le ressenti est alors d’autant plus fort. Ce roman est un vrai combat psychologique, aussi bien pour les personnages, que pour celui ou celle qui dévore ses lignes. Il vous fait grandir, change quelque chose en vous. Il n’est pas là pour vous faire la morale, mais pour vous remuer, et vous donner envie de croire en la vie. Le regard que l’auteur porte sur l’humanité, sur les sentiments, est un regard doux, protecteur. C’est là toute la puissance de ce livre, qui n’est pas vraiment là pour critiquer, dénoncer, mais pour soutenir, encourager. Dans une ambiance de guerre, ce que l’auteur nous offre, c’est un merveilleux livre de paix.
La fin de ce livre est… Étonnante. A vrai dire, je n’avais absolument aucune idée de la façon dont un roman pareil pouvait se terminer. J’attendais d’être inévitablement surprise. Ce fut le cas. L’auteur parvient à conduire son intrigue de la meilleure façon qui soit, et à la conclure avec ce même brio. J’ai été impressionnée, tout simplement. Cette chute est pleine d’espoir, vous emplie de confiance. Elle insuffle en vous un air nouveau, pur. Je ne dis pas que le monde vous paraît plus rose. Mais plutôt qu’il vous paraît plus blanc. Votre œil est neuf, comme lavé, purifié. Vous considérez le 13 Novembre 2015 et son après sous un angle différent, Vous pouvez être sûr et certain que vous avez besoin de lire ce livre, que chacun d’entre nous devrait pouvoir le lire pour mieux comprendre l’après. J’ai eu la chance de rencontrer Vincent lors du SLPJ 2016, et de lui faire signer ce bijou. Il a terminé sa dédicace par la simple interrogation « Et toi, tu y crois ? » Et bien, cher Vincent, puisque je pense que vous passerez par ici comme vous me l’aviez indiqué, aujourd’hui, je peux vous répondre qu’après une lecture pareille, oui, j’y crois. Plus que jamais.
Le livre-objet est également une très belle réussite. Le titre est explicite, saisissant. Il effleure du bout des doigts la dureté du sujet, mais révèle une nouvelle fois l’importance de l’après, la nécessité absolument vitale de se relever. La couverture est belle, épurée, simple, et pourtant, forte. Il y a un tel contraste entre la haine et la violence qui ont provoqué l’écriture de ce livre, et le résultat qu’il offre… Et j’aime ce contraste, qui prouve qu’on peut se relever de tout. Même du plus terrible…
Alors voilà, je pense avoir été suffisamment claire et enthousiaste pour vous faire comprendre que vous ne pouvez tout simplement pas passer à côté d’un chef-d’oeuvre pareil. Pour votre bien, vous devez lire ce livre. Il est comme une pommade qu’on applique pour soulager les cicatrices encore douloureuses de l’année 2015. N’oublions jamais, mais relevons-nous toujours. C’est ce que veut dire ce roman si bien écrit, si puissant. Parce que même en ayant vécu le pire, il y a un après. Et cet après, c’est à nous de l’écrire. Et pour bien l’écrire, il faut y croire, avoir foi. Alors, lisez ce livre. Lisez-le, et vous verrez…
Livre se trouvant dans ma propre bibliothèque.
Livre reçu grâce aux éditions Sarbacane. Merci à eux !
Je suis super contente que tu sois aussi sous le charme de ce roman, j'ai tellement eu de réactions négatives que je pensais être la seule à adhérer! Belle chronique, bravo 🙂
Il est magnifique, mais quelque part, je peux comprendre les réticences de certains. Mais je suis ravie qu'il y ait tout de même des personnes pour le soutenir ! Merci beaucoup 🙂
Un livre directement ajouté dans ma Wish-list ! Il a l'air vraiment bien et la façon dont tu en parles donne très envie.
J'ai, de mon côté, lu Maman aime danser qui revient, d'une manière totalement différente cependant, sur les mêmes événements. C'est très court mais touchant également !
Je note l'ouvrage dont tu parles, cela m'intéresse beaucoup !
J'espère que tu auras l'occasion de lire celui-ci aussi, il le mérite…
Ta chronique est très bien écrite !
J'ai reçu ce livre en partenariat mais je ne l'ai pas encore commencée. J'espère qu'il ne me décevra pas car cela reste un sujet encore dur.
Je suis persuadée qu'il saura te convaincre, il est d'une puissance phénoménale !
Bonne lecture, et merci ! 🙂
Je ne sais pas comment j'ai pu traverser toutes ces années sans lire un seul livre de Vincent Villeminot. Il commence à être temps que je remédie à cela 0_o
Sandriiiiiiiiiine, hérétique ! File en lire un, celui-ci de préférence, merciiii !
J'avoue que j'ai eu peur. Et je ne l'ai pas demandé. Pas eu envie de me risquer à repenser à toutes ces horreurs… Et puis… J'aurais sans doute dû ♥
Je comprends totalement ton point de vue ma belle, j'ai failli avoir le même. Un jour, si tu es prête, lis-le, vraiment, si tu t'en sens capable…
Bravo !!! Tu m'as clairement donné envie de lire ce livre. Je vais aller l'acheter dans la semaine !!! J'espère apprécier ma lecture, ayant été fortement touché par la gravité des attentats !! merci
Un retour comme celui-ci me fait terriblement plaisir ! Je te souhaite vraiment d'aimer ce livre au moins autant que moi !
Merci à toi…