Titre : La Grande Guerre
Auteurs : David Almond, John Boyne, Tracy Chevalier, Ursula Dubosarsky, Timothée de Fombelle, Adèle Geras, A.L Kennedy, Tanya Lee Stone, Michael Morpurgo, Marcus Sedgwick & Sheena Wilkinson
Editions : Hachette
Année de parution : 2015
Pages : 314 pages
Prix : 14,90 €
Résumé :
Chaque année, depuis le 11 Novembre 1918, à 11 heures du matin, la onzième heure du onzième jour du onzième mois symbolise la fin de la Première Guerre Mondiale. Un conflit international sans précédent, quatre années de combats, seize millions de vies sacrifiées. Cent après, onze des plus grandes plumes contemporaines font revivre des objets emblématiques de cette Grande Guerre. Ces onze nouvelles évoquent un élément du quotidien des soldats et de leurs familles. Médailles, casques et nécessaires d’écriture que les Poilus ont pu posséder dans les tranchées deviennent autant de sources d’inspiration, afin que nous n’oubliions jamais celle qui devait rester « La Der des Ders »…
Mon opinion personnelle :
Je commence par remercier Aurélie et les éditions Hachette pour ce magnifique envoi !
Si vous me suivez régulièrement, vous savez à quel point j’aime les romans historiques, et particulièrement ceux qui portent sur les guerres mondiales. Il était donc évident pour moi de découvrir ce recueil de nouvelles, que j’ai littéralement dévoré.
Format oblige, je ne vais ici pas adopter le schéma habituel de mes chroniques, mais plutôt vous faire un petit paragraphe sur chaque nouvelle, au fur et à mesure de mon avancée dans l’ouvrage, à chaud, donc !
Notre Jacko, de Michael Morpurgo : Ah, celle-là, c’est une perle. Pas étonnant, tant l’auteur est brillant. Elle m’a permise de me plonger directement dans la lecture, et je l’ai lue d’une seule traite. J’ai été assez surprise de constater qu’elle se déroulait au XXIème siècle, choix qui s’est finalement révélé excellent. L’écriture est fluide, avec une certaine profondeur dans les mots choisis. Malgré le format, on sent une véritable évolution au cours de l’histoire, grâce à des personnages touchants, et bien travaillés. Plus qu’un moment de souvenir, c’est une brillante réflexion sur le devoir de mémoire que nous offre ici l’auteur. Le lecteur en sort inévitablement songeur, marqué. Puissant, vibrant, criant de réalisme, ce récit m’a sincèrement bouleversée. Belle entrée en matière, donc…
Une autre façon d’être disparu, d’A.L Kennedy : Une nouvelle fois, j’ai été profondément saisie. Ce texte est comme une petite plume délicate et tendre, qui effleurerait de sa pureté la masse sombre et lourde qu’est la guerre. Racontée du point de vue d’un enfant épatant, cette nouvelle est une splendide claque. Elle dégage tant de pureté, de naïveté, et surtout, de vérité. On y voit la fuite des adultes, la bravoure de l’innocence incarnée par l’enfance. Il y a tellement d’espoir entre ces lignes, c’est magnifique. C’est le genre d’intrigue qui vous prend tant à la gorge, que vous devez faire des pauses, pour ne pas étouffer sous le poids de l’émotion. L’écriture est si belle, si simple et poétique à la fois, que vous êtes immédiatement subjugué. Vous l’aurez donc compris, j’ai été plus que séduite, et ce, pour un long moment.
N’appelez pas ça « gloire », de Marcus Sedgwick : Bon, pour être honnête, j’ai un peu moins apprécié cette nouvelle. Elle a de très bons côtés, et des petites choses qui m’ont un peu moins plu. Pour le négatif, j’ai eu un peu de mal avec la présence du fantastique. Même si c’est relativement discret, selon moi, cela n’avait pas sa place ici. J’ai également trouvé quelques longueurs, qui coupaient un peu trop. Néanmoins, à côté de cela, j’ai beaucoup apprécié le choix du thème, qui m’en a appris plus sur les zeppelins. De plus, le fait de découvrir la Grande Guerre d’un œil britannique plutôt que français ou allemand, a été selon moi un véritable plaisir. L’écriture est agréable, les personnages sympathiques, mais je reste cependant plus mitigée. La nouvelle est enrichissante, mais n’a pas réussi à me transporter.
Le pays que tu appelais ta patrie, de John Boyne : Cette nouvelle a été extraordinaire. Instantanément, le lecteur est happé par le récit d’une superbe famille, et ne peut plus le lâcher. Cette histoire véhicule de très belles valeurs, notamment le courage, la générosité, et d’autres encore. Bien que tendre et renversant, le style est simple, accessible. L’idée de mettre en parallèle les deux conflits internationaux est très bien vue, et permet à ce texte de se démarquer. C’est une très belle leçon de vie, ici aussi narrée du point de vue d’un enfant, offrant ainsi un regard neuf et pur à la situation. Rien n’est rose, on se prend même des vérités en pleine figure qui n’ont rien de réjouissant. Et pourtant, on profite de chaque mot, de chaque instant dans cet univers si vrai et pertinent. Jusqu’au bout.
Quand on en aurait le plus besoin, de Tracy Chevalier : J’ai été très, très intéressée par cette nouvelle. En effet, elle met à l’honneur les colis envoyés aux soldats britanniques selon l’ordre de la Princesse Mary, ce dont je n’avais absolument pas connaissance. Voilà donc un récit qui a bien assouvi ma soif de connaissances historiques. Là encore, en centrant son récit sur un enfant, l’auteure parvient à rendre son travail très délicat, et très innocent. Un petit point noir cependant, avec le côté très romancé, qui peut déranger un peu. Néanmoins, le souci du détail et les descriptions précises compensent très bien. Il s’agit donc d’une nouvelle que j’ai, personnellement, vraiment appréciée pour son aspect historique plus que pour son aspect littéraire.
Un monde où il n’y aurait pas de guerre, de David Almond : Quel texte étonnant ! Initialement assez éloignée du principal objet de ce recueil, la façon de lier le tout est très, très ingénieux. Inspiré, je pense, d’une certaine oeuvre shakespearienne, ce récit est comme un miroir, qui nous force à ouvrir les yeux sur notre comportement, notre société. Cette nouvelle provoque en duel l’utopie dont nous rêvons tous, plus communément appelée la paix. Très réaliste, elle trouve sa force dans son terre-à-terre. L’auteur se contente de constater, sans idéaliser, ce que j’ai trouvé tout à fait honorable. Avec une intrigue et un style classiques mais efficaces, il embarque son lecteur dans une belle réflexion, à l’aide de l’écriture, des mots. Et c’est beau.
Un Harlem Hellfighter et son cor, de Tanya Lee Stone : Probablement OVNI officiel du recueil, je dois avouer que j’ai eu un sursaut de surprise en découvrant cette nouvelle rédigée, si je ne m’abuse, en vers libres. Cependant, cette petite originalité n’est pas déplaisante, et correspond parfaitement bien à l’histoire. Cette dernière mêle à la guerre un autre sujet auquel je suis particulièrement sensible, à savoir la musique. Le message véhiculé, comme quoi la musique fait vivre, survivre, est très beau. Il s’agit d’un texte court, qui se lit très vite, mais très bien. Pleine de poésie (En dehors de la forme, si si), cette nouvelle est assez universelle, et non uniquement centrée sur 14-18. C’est un joli moment hors du temps, très délicat, accompagné d’un personnage sincèrement touchant, que nous offre cette auteure talentueuse.
L’histoire de Maud, d’Adèle Geras : Il s’agit ici d’une jolie histoire de famille, et de sacrifices. J’ai été un petit peu déçue de constater que le rapport avec la Grande Guerre était assez étroit, malgré le travail à l’usine en arrière-plan. A l’image des autres nouvelles, l’écriture est aussi belle que facile à lire, pour un agréable moment pratiquement 100% féminin. Je ne dirais pas qu’il s’agit de mon texte préféré dans le recueil, mais j’ai aimé l’approche de certains thèmes qui me tiennent à coeur, et que je tairai pour plus de suspense. De plus, on apprend des choses très intéressantes sur le statut de la femme de l’époque, ce qui est très intéressant. Bref, c’est donc une lecture sympathique, et douce.
Capitaine Rosalie, de Timothée de Fombelle : Khjpajbdkhfjd. Voilà. En autres termes, je n’ai pas de mots pour décrire cette nouvelle. Elle est fantastique. Dès les premiers instants, le lecteur est mis au parfum. C’est l’histoire d’un petit bout de chou de même pas six ans, secrètement capitaine en mission, au fond de sa salle de classe. Tout simple, tout innocent, et pourtant, tellement beau. Le lecteur est bouleversé par la détermination de cette enfant, troublé par sa sagesse, sa logique. Il est déchiré, admiratif, amusé. Le monde des grands nous semble alors si faux. Lorsque les pièces du splendide puzzle qu’est ce récit se remettent en ordre, qu’on comprend où l’auteur voulait en venir… C’est grandiose. Du De Fombelle à l’état pur, que vous n’oublierez pas de si tôt.
Chaque lent crépuscule, de Sheena Wilkinson : Il me semble que cette nouvelle est l’une des plus sombres du recueil. Je ne vais pas vous le cacher, elle est dure, sur bien des points. Mais elle est aussi très instructive, puisqu’on apprend bien des choses, notamment la préparation des colis pour les soldats, dans les écoles. Mais on y découvre aussi le retour des blessés de guerre, le traumatisme enduré. Le lecteur comprend alors à quel point la guerre a bouleversé, détruit des avenirs, pour les soldats, comme pour leurs proches. Le filet d’espoir qui perle aux pages de cette nouvelle est mince, mais pas inexistant. Ce récit est fait d’émotions brutes, c’est une claque qu’on se prend en pleine figure, sans pincette. Un beau moment glaçant de réalisme.
Petites Guerres, d’Ursula Dubosarsky : Encore une fois, cette nouvelle s’intéresse de près au rapport des enfants à la guerre. On s’intéresse alors aux jeux d’enfants, et plus particulièrement aux petits soldats de plomb. J’ai un petit peu moins accroché ici, car j’ai trouvé certains passages un peu creux, ou redondants. Néanmoins, le contraste innocence/violence est bien entendu pertinent à observer, et ici très bien représenté. La chute m’a davantage plu, parce qu’elle m’a semblé crédible, pas trop romancée, et en même temps, poétique, joliment amenée. On sort de ce texte avec un petit sourire, et une certaine affection pour Jemima, petite fille incomprise fascinée par les soldats de plomb…
Le livre objet est splendide. Le titre convient bien entendu très bien au contexte. La couverture est très belle, le jeu de couleurs très agréable. De plus, il s’agit d’un hard-back, et j’adore les ouvrages en dur, comme celui-ci. Et puis, le livre est plein d’illustrations en noir et blanc, superbes, réalisées par Jim Kay. Elles sont un véritable plus, donnent du relief aux histoires, permettent de mieux se représenter chaque élément des textes. Et vous avez même, à la fin, un présentation de chaque objet emblématique ayant inspiré une nouvelle, en textes et en photos. Un livre aussi beau que bon, donc.
Pour conclure, je vous recommande de toute évidence ce splendide recueil de nouvelles. Certaines sont bonnes, d’autres géniales, d’autres exceptionnelles. Toutes sont très accessibles, poignantes, et surtout enrichissantes pour votre culture. Magnifiquement illustrées, ces histoires ne vous laisseront pas de marbre, et valent vraiment le détour, rien que pour la mémoire. A lire !
J’ai adoré ! |
Livre se trouvant dans ma propre bibliothèque.
Livre reçu grâce aux éditions Hachette et au site Lecture-Academy. Merci à eux !
Superbe critique qui donne très envie de découvrir ce recueil :') en voyant la couverture dans ta lecture en cours j'avais cru qu'il s'agissait d'un docu mais non :p En tout cas on sent qu'il t'a fait forte impression, ce qui est un gage de qualité 😉
Juste "d'un œil britannique plutôt que français ou anglais", allemand je suppose ? :3
Je suis contente de donner envie, car ce livre le mérite ! 🙂
Oups, oui, petit faute d'inattention ! Merci beaucoup, c'est rectifié ! 😉
Il est dans ma PAL et je suis certaine qu'il va me plaire !
Je le souhaite vivement, il le mérite !
Tu donnes envie de découvrir ce livre. Je le note . *Marie*
Il est terrible, plein de bon sens et de talent !