Titre : La Belle rouge
Auteure : Anne Loyer
Editions : Alice (Tertio)
Année de parution : 2015
Pages : 134 pages
Prix : 12 €
Résumé :
Marie est camionneuse depuis 25 ans. Avec son beau camion rouge, elle sillonne les routes. Entre lui et elle, c’est une grande histoire d’amour. Kader a 16 ans. Abandonné par sa mère à 7 ans, il a connu les familles d’accueil et les ennuis avec la justice. Aujourd’hui, il vit dans un centre pour mineurs. Mais c’est une vraie tête brûlée qui n’a qu’une envie : se faire oublier. Un jour, Kader décide de partir. Perdu sur une aire d’autoroute, il monte dans un camion rouge laissé ouvert.
Mon opinion personnelle :
Je commence par remercier les éditions Alice pour ce sublime envoi !
Je crois pouvoir dire qu’Anne Loyer est une de mes auteures jeunesses préférées, tant pour son talent que sa personnalité. Ainsi, après avoir un coup de coeur pour Comme une envie de voir la mer, je n’ai pu que sauter de joie en recevant ce nouvel ouvrage dans ma boîte aux lettres. Je me suis plongée dedans en toute confiance, pleine de curiosité et d’attentes. Le moins qu’on puisse dire, c’est que je n’ai pas été déçue.
Les personnages sont, sans surprise, exceptionnels. Marie, camionneuse un peu bourrue, pas forcément gâtée par la vie, mais si forte, si admirable. On s’attache à cette femme au lourd passé, au mental d’acier, au coeur d’or. Au fur et à mesure de la lecture, on apprend à la connaître, on la redécouvre, on la comprend mieux. Kader, adolescent mal dans sa peau, plein de rêves et d’espoirs, un brin insolent, mais au grand coeur. Là encore, il se révèle petit à petit, le lecteur gagne sa confiance au même rythme que Marie. Il y a également Chrisitan et Amandine, membres du personnel du centre pour mineurs d’où Kader a fugué. On a du mal à les cerner, à savoir qui ils sont, et où ils vont. Malgré cela, on s’attache à leurs personnalités un peu décousues. De plus, à l’image de tous ces personnages, ils sont très touchants, ce qui permet au lecteur d’avoir envie de ne pas les lâcher. Comme toujours avec Anne, les caractères et attitudes des personnages sont très approfondis ; le travail est soigné, et séduisant. Bref, on ne peut que se sentir à sa place dans cette lecture !
Ai-je réellement besoin de vous vanter une fois de plus les mérites incroyables de l’écriture de l’auteure ? Allez, je le fais pour le plaisir. Là encore, le style est extrêmement fluide, simple, mais délicat. Les mots sont brillamment choisis, et sonnent comme une douce mélodie dont on ne se lasse jamais. C’est beau, c’est envoûtant, presque magique. Il y a tant de poésie et de douceur dans ces lignes, tant d’humanité, aussi, qu’on se laisse porter par l’écriture. Néanmoins, cet aspect lyrique n’occulte pas pour autant le flamboyant réalisme de cet ouvrage, et ceci est un point que j’ai sincèrement apprécié. Ainsi, Anne prouve que la réalité peut être, malgré tout, belle. Il se dégage de son texte de nombreuses et diverses émotions, qui saisissent le lecteur, doucement mais fermement. Il n’y a rien à redire, de mon point de vue. (Du vôtre aussi, j’espère !)
Une nouvelle fois, l’auteure a su me surprendre avec son intrigue. Bien qu’elle paraisse assez banale en apparence, après une brève réflexion, on se rend compte qu’elle est bien plus originale qu’elle n’y paraît. Ce roman est une histoire de vie, une histoire d’amour maternel. Une histoire pleine de couleurs, et de sens. Nous prenons donc la route avec notamment Marie, et Kader. Deux destins, qui n’ont (presque) rien en commun, et qui pourtant, vont se croiser, pour le meilleur et pour le pire. L’alternance des points de vue que nous propose l’auteure est très intéressante, puisqu’elle nous permet d’avoir un panorama complet des moindres aspects de la fugue de Kader. Ainsi, le lecteur est confronté à la pure réalité d’un départ comme le sien, et perçoit aussi bien son côté idyllique, que son côté plus sombre. Bien souvent, ce roman se transforme en petit huis-clos, qui unit les personnages deux par deux. On pourrait trouver cela ennuyeux. Dans un bouquin, ceci est un pari audacieux, car le risque de tourner en rond est vite présent. Toutefois, c’est un challenge réussi que nous avons là. En effet, il y a une évolution perpétuelle dans cet ouvrage. Nul besoin de mille et une péripéties, d’une action explosive ; les échanges suffisent à donner du piment à ce superbe récit. D’une page à l’autre, de nouveaux secrets sont avoués, les opinions changent. pour un voyage haut en couleurs. Selon moi, il s’agit d’une lecture qui joue beaucoup avec la psychologie, les sentiments ; elle est comme une bulle hors du temps, qui met votre propre quotidien en pause le temps d’une tendre escapade. Comme avec tous les romans d’Anne Loyer. Là également, l’intrigue aborde des sujets délicats, mais qui sont traités avec beaucoup de pudeur et de bienveillance. Bien évidemment, avec deux protagonistes aussi différents que Marie et Kader, cet ouvrage fait aussi des étincelles, des tensions. Mais toujours, l’humour vient compenser ces passages un peu plus violents. A travers la bouche de ses êtres de papier, l’auteure n’a pas peur de dire les choses telles qu’elles sont. Ce livre est un mélange de retenue et de vérité, l’équilibre entre les deux est juste parfait. On s’y retrouve totalement, on se sent en sécurité, mais en même temps, poussé par élan criant de réalisme. On voyage autant à travers la France qu’à travers les souvenirs et les intimités des personnages, ce qui m’a fait un peu fait penser à un roman d’apprentissage… Et pourtant, il reste accessible, tant dans son vocabulaire que dans sa construction. Ça vous prend aux tripes, c’est bouleversant, c’est magnifique, c’est La Belle rouge.
La fin est très largement à la hauteur du reste. En toute sincérité, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre. Et comme je n’avais pas envie que ce roman se termine, je n’y pensais pas. Je l’ai trouvée étonnante, mais surtout pleine d’espoir, avec un superbe message. C’est simple, c’est généreux, c’est marquant. On achève la lecture avec l’impression d’avoir bouclé la boucle, et de laisser nos personnages apaisés. Peut-être est-ce parce que nous-mêmes, nous nous sentons apaisés par cette belle histoire. Je n’ai pas l’habitude de dire cela, mais j’ai trouvé l’épilogue très judicieux. Il complète à merveille ce récit de déchirements, tout en finesse, comme toujours. Le lecteur quitte les personnages serein, et laisse son imagination le guider pour la suite des événements… Mais surtout, ce que je peux vous assurer, c’est que cette lecture, vous n’êtes pas prêts de l’oublier.
Je suis absolument fan du livre-objet. A dominante rouge, la couverture représente très bien l’intrigue, et ce, surtout lorsque vous vous intéressez à la quatrième de couverture. Et comme j’adore le rouge, tout va bien. (Et ça, vous êtes heureux de le savoir, je le sais…) Quant au titre, il est lui aussi très symbolique. Il pose question, et lorsqu’on le comprend, il prend une toute autre couleur… (Petit jeu de mots… Non ?)
Bref, j’espère que vous aurez compris que j’ai été totalement charmée par ce récit, et que je suis persuadée qu’il en sera de même pour vous. Il a tout pour lui : Personnages attachants, écriture fascinante, intrigue percutante, couverture flamboyante… Qu’attendez-vous pour vous jeter dessus ? En ce qui me concerne, j’attends avec grand impatience le prochain roman ado d’Anne, qui se confirme toujours un peu plus comme étant membre de mon top 5 d’auteurs jeunesse. Merci, Anne, merci !
J’ai adoré ! |
Livre se trouvant dans ma propre bibliothèque.
Livre reçu grâce aux éditions Alice. Merci à eux !
Celui la j'ai trooop envie de le lire !