Titre : Argentina, Argentina…
Auteur : Christophe Léon
Editions : Oskar
Année de parution : 2015
Pages : 224 pages
Prix : 9,95 €
Résumé :
C’est une histoire d’amour et de haine, dans l’Argentine de la dictature. C’est le récit d’une famille anéantie par l’ordre tortionnaire. C’est l’enfant Ignacio, arraché à ses parents alors qu’il n’a que six ans, et élevé par le colonel Gutiérrez et sa monstrueuse femme. Dans le Buenos Aires d’aujourd’hui, l’homme Ignacio se souvient. De tout. Alors il parle. Il nous parle. Ecoutez son histoire.
Mon opinion personnelle :
Je commence par remercier Angélique et les éditions Oskar pour ce superbe envoi !
Je ne saurais vous dire vraiment ce qui m’a convaincue de lire ce roman. J’ai abordé l’histoire de l’Argentine en cours d’Espagnol, et j’étais donc curieuse d’approfondir encore plus ce sujet. Et puis, cette histoire d’adoption m’intriguait… Je me suis donc jetée la tête la première dans cette lecture, et j’ai vraiment bien fait.
Les personnages sont très étonnants, mais surtout très attachants. Le narrateur, Pascal, est, chose étrange, un journaliste. Le point de vue est donc différent de celui insinué dans le résumé. Ce choix m’a un peu surprise au premier abord, mais je l’ai en fin de compte trouvé très judicieux. Ce jeune homme un peu brut de pomme est cependant très intéressant, car la curiosité et la vivacité d’esprit qui l’animent permettent au récit d’aller toujours plus loin. Tout au long du livre, il interviewe donc Ignacio, mystérieux jeune homme au sombre passé. J’ai éprouvé beaucoup de tendresse pour ce protagoniste, qui garde la tête haute malgré tout ce qu’il a enduré, et qui se confie, sans pudeur, sur le traumatisme de son enfance. Chaque personnage de son histoire n’est que cité et décrit, mais il le fait si bien qu’on le sentirait presque vivant. J’ai du mal à exprimer clairement ce qu’on ressent face à tous les noms qu’on croise dans ce roman. Mais croyez-moi, chacun à sa façon vous bouleverse, et vous semble étrangement réel…
Très rapidement, on se fait à la plume de l’auteur. Elle nous embarque pour des découvertes fascinantes, qui vous surprennent et vous touchent. Le principe de l’interview permet en effet d’amener de façon logique le récit d’Ignacio, tout en gardant un pied dans l’Argentine d’aujourd’hui pour une sorte de comparaison. Les mots sont simples, mais saisissants. Ce livre est sans prétention, et c’est ce qui fait toute son efficacité. Il se dévore sans même qu’on s’en rende compte, tout est si coulant et accueillant… Malgré la dureté de l’intrigue, Christophe Léon parvient à rendre les choses plus faciles, et plus accessibles, et c’est tout à son honneur.
Le plus terrible dans ce bouquin, c’est de se dire que même si cette histoire est une fiction, elle n’en reste pas moins très proche de nombreuses réalités. Ce n’est pas un ouvrage facile, mais je trouve qu’il est très important de le lire. Il traite en effet de la lourde histoire de l’Argentine prisonnière d’une dictature effroyable. C’est un pan de l’Histoire que je connaissais assez peu, puisqu’il ne va pas partie des thèmes vraiment bien abordés dans les programmes scolaires. Enfin, pour ma part, ce ne fut pas le cas. Ignacio narre donc son histoire dans les moindres détails, de son premier souvenir à son dernier. J’ai apprécié le fait qu’il prenne le temps de nous parler de sa petite enfance, des temps heureux, et pas seulement de la noirceur qui l’a suivie. Malheureusement pour lui, le drame arrive assez rapidement. Il faut préciser que le récit oral du jeune Argentin est souvent entrecoupé de scènes qui se déroulent, elles, dans le présent. Ainsi, les nerfs du lecteur sont bien souvent mis à vif. Parfois, on peste de ne pas savoir tout tout de suite. Mais, avec du recul, c’est mieux comme cela. D’une part, cela permet d’étaler l’émotion, D’autre part, c’est plus réaliste. Cela permet également de lire les émotions d’Ignacio lorsqu’il explique ce qu’il a vécu. Il alterne donc l’innocence de l’enfant qu’il était, et la conscience de l’homme qu’il est devenu. Jouer ainsi entre différentes perceptions est une bonne idée, cela offre une vision parfaitement objective de la situation. Le lecteur peut ainsi mieux comprendre, et ressentir des émotions plus variées. Cependant, il y a quelque chose d’affreux dans ce bouquin. Les événements dont il nous fait part, la violence qu’il décrit… Tout cela semble si dramatique, on peine à y croire. Et pourtant… Plusieurs fois dans ma lecture, je me suis interrompue, les yeux écarquillés, avec une seule phrase en tête « Ce n’est pas possible… » Mais si, ça l’a été. Des hommes ont véritablement fait vivre de telles horreurs à des êtres humains. C’est honteux, terrifiant, vibrant, révoltant. Des familles déchirées, des gens assassinés, des enfants adoptés de force… Ce roman est une prise de conscience énorme, que vous vous devez de vivre. Tout au long de la lecture, on perçoit alors une certaine évolution aux multiples facettes. Il y a l’évolution du comportement d’Ignacio, balançant entre résignation et rébellion. L’évolution de la conjoncture de l’Argentine. L’évolution du comportement de Pascal. Notre évolution à nous, petit Européen confortable, face à toute cette vérité. De ce côté, l’auteur a, je pense, accompli sa délicate mission.
Toutefois, à la lecture de la fin, je suis devenue mi-figue mi-raison. Il n’est pas facile de conclure un roman comme celui-ci, de trouver un bon équilibre entre le drama et le j’en-foutisme. L’idée qu’a alors eu l’auteur pour achever son histoire m’a beaucoup plu. Plutôt originale, elle apporte un nouveau souffle au récit, pour le rendre encore plus marquant. J’avoue que je ne m’attendais pas à ça. Enfin, du moins, pas à L’événement qui survient. Je l’ai littéralement adoré, mais quelque chose à la toute toute fin m’a un peu refroidie. Il m’a manqué quelque chose, je suis un peu restée sur ma faim. Vous me comprendrez mieux en lisant l’ouvrage, qui en vaut le détour. Mais, quelques mots de plus n’auraient pas été de trop. Certes, garder une part de mystère est aussi intéressant, et un peu de pudeur ne fait pas de mal dans un récit déjà si « bavard« . Mais… Ma curiosité de lectrice affamée en a pris un coup. Cependant, j’en ressors avec de nombreuses connaissances sur l’Argentine, et ça, c’est fantastique. Rien que pour cela, vous devez lire cet ouvrage.
Le titre est très bien choisi. Un brin mélancolique, authentique, simple, pur… Il va à ravir avec le reste du roman. La couverture me plaît également beaucoup. Les couleurs sobres, le double-visage du drapeau argentin… Chaque détail est bien pensé, et précieux.
J’ai eu beaucoup de mal à vous chroniquer ce roman, comme je vous l’expliquais sur Twitter. Néanmoins, j’espère avoir au moins réussi à vous faire passer l’essentiel : Il faut que vous lisiez ce petit roman. Non seulement vous en apprendrez beaucoup sur l’Histoire, mais aussi sur la vie, sur la chance que vous avez de vivre dans un pays libre. Sans être une partie de plaisir, ce livre est un moment saisissant, et important. A lire, sincèrement.
J’ai adoré ! |
Livre se trouvant dans ma propre bibliothèque.
Livre reçu grâce aux éditions Oskar. Merci à eux !
merci pour cette chronique:) si ça t'intéresse, il a écrit plusieurs autres livres: "qui va loin revient après", "silence, on irradie" et "Désobéis!", un petit receuil de nouvelles que j'ai beaucoup apprécié 🙂
Je note ces titres, merci beaucoup 🙂
Tu me donnes envie de le découvrir, je ne connaissais pas du tout 🙂
Alors n'hésite pas à le lire, c'est une petite merveille !
Un livre que je ne connaissais pas, mais qui a l'air vraiment bien ! Je ne connais pratiquement pas l'Histoire de l'Argentine (je fais allemand ^^), et cela m'intéresse. Ta chronique est très bien écrite. 🙂 Merci pour la découverte !
Je suis ravie de voir que cela pourrait t'aider ! J'espère que tu auras l'occasion de le lire. Et merci pour ma chronique 🙂
Je ne connaissais pas du tout ce roman, et malgré ta chronique qui donne envie, je ne suis pas trop tentée =/ ♥
Je comprends, c'est vrai que c'est un livre assez particulier. Peut-être changeras-tu d'avis plus tard ! 🙂