Population lectrice,
Je vous retrouve aujourd’hui dans le cadre de la fête du livre jeunesse Lire en short, et plus particulièrement de l’événement Booktube et la Blogo en Short. Pour plus d’infos sur cette super fête à laquelle je participe, je vous donne rendez-vous ici et là !
Souvenez-vous, il y a quelques jours, je vous ai chroniqué le merveilleux Comme une envie de voir la mer, par Anne Loyer. Et bien, pour vous, elle a accepté de répondre à quelques questions autour de son nouvel ouvrage, et de la littérature jeunesse en général. Merci à elle !
BB en short : Bonjour Anne ! L’équipe de Booktube et la Blogo en short et moi-même vous remercions vivement d’avoir accepté de répondre à mes questions. Vous êtes donc auteure jeunesse depuis, si je ne m’abuse, 5 ans. Et cette envie d’écrire, elle, elle remonte à quand ? Vous est-elle tombée dessus par hasard ?
Anne Loyer : Oui, cinq ans déjà et une envie qui remonte aux confins de l’enfance… Cependant les écrivains étaient pour moi des personnes peu accessibles, presque mythiques… alors j’ai passé mon chemin sans essayer. Mais j’ai toujours écrit puisque pendant plus de 15 ans j’ai été journaliste de presse écrite. C’est en redécouvrant la littérature jeunesse dans les yeux et les mains de mes enfants, à la lumière d’une rencontre avec l’auteure Christine Palluy et en chroniquant des albums et romans que l’envie a gonflé telle une nécessité impérieuse. Alors j’ai cédé aux sirènes qui m’appelaient et j’ai tout lâché pour m’y engloutir !
BB en short : Lorsque vous avez commencé à écrire, le domaine de la jeunesse s’est-il imposé naturellement, ou est-ce un choix longuement réfléchi ?
Anne Loyer : Naturellement du fait de mon blog, d’une formation à la BNF autour de l’historique de la littérature jeunesse et de la liberté de tons, de styles que procure ce pan de la littérature ! Travailler avec des illustrateurs, voir éclore ses mots en dessins, pouvoir traiter tous les sujets sous différents angles : voilà de quoi me réjouir et offrir une infinité de possibles qui m’enchante !
BB en short : Vous venez de publier, aux éditions Alice, un roman pour adolescents, intitulé Comme une envie de voir la mer. Pouvez-vous nous en parler un peu plus ?
Anne Loyer : C’est un roman qui s’est imposé à moi après avoir écrit les premières lignes sur mon blog. J’avais envie de me pencher sur cette Ludie au destin cassé dans sa petite enfance… D’éclairer le contraste de cette jeune fille au parcours parfait par un choc dissimulé par les ans et les silences.
BB en short : L’histoire de Ludie et des siens est assez singulière… Est-ce inspiré d’une histoire vraie ? Si non, d’où vous est venue cette idée d’écrire sur des sujets délicats, comme ceux abordés dans votre ouvrage ?
Anne Loyer : Non, il n’y a rien de vrai… Même si, peut-être, certains pourront s’y retrouver au fil des pages. J’aime beaucoup les sujets intimistes, les cassures enfouies qui font émerger les révélations. Ici j’avais envie de confronter des situations très opposées comme la précocité et le handicap, l’amour qui croit tout pouvoir et l’amour qui se fissure. Comment pouvait-elle réagir face à ce message qui bouleverse tout ce qu’elle vécu depuis toujours ? J’ai choisi la fugue à deux, la fuite vers la mer, cet élément tellement porteur, tellement vaste, où elle pense pouvoir communier avec ses origines. Une quête de soi au fil de la route, où tout prend un relief singulier et lui permet sinon de comprendre, au moins d’accepter…
BB en short : Nous célébrons actuellement la littérature jeunesse, à travers la fête Lire en Short, organisée par le Centre National du Livre. C’est donc l’occasion, pour une quinzaine de jours, de diriger les projecteurs sur les nombreux livres pour enfants et adolescents. Que pensez-vous de la place de la littérature jeunesse en France, de nos jours ? Est-elle suffisamment reconnue, et mise en avant ?
Anne Loyer : Je suis ravie de cette initiative Lire en Short, je vais y participer dans mon village avec une lecture et une dédicace ! Cet élan national est une excellente chose et j’espère qu’il sera pérennisé et amplifié les années prochaines. La littérature jeunesse, et c’est paradoxal, a une grande place à l’école et auprès des enfants, c’est le secteur littéraire qui se porte le mieux en France, mais il n’est absolument pas valorisé par les médias nationaux. Ayant été journaliste, je sais combien la place dévolue aux chroniques d’ouvrages jeunesse n’est que peau de chagrin. C’est une misère alors que tous les beaux discours, publics et politiques, font l’éloge de la lecture dès le plus jeune âge… Pas d’émissions littéraires télévisées sur le sujet, très peu d’émissions radiophoniques quant aux journaux, s’ils ne sont pas spécialisés, ils n’y font aucune place (à part pour le salon de Montreuil et à Noël). Il y a même une attitude négative sur les auteurs jeunesse par l’ensemble du monde littéraire… Il n’y a qu’à écouter ou lire les propos de François Busnel de La grande librairie pour s’en faire une idée. Personnellement je trouve cela très dommageable et totalement contre-productif. Pourquoi dire aux jeunes de lire si ce qu’on leur propose est – soit-disant – aussi mauvais ? Faudrait-il qu’à deux ans ils lisent déjà des classiques ? C’est ridicule et tellement idiot…
BB en short : Vous êtes donc une adulte, comme la grande majorité des auteurs qui nous écrivent, à nous, jeunes, nos lectures. Est-ce difficile, parfois, de se mettre dans la peau d’un enfant ou d’un adolescent, pour comprendre ce qui pourrait lui plaire, et s’adapter à son niveau de langage, de maturité ? Comment vous y prenez-vous ?
Anne Loyer : Je suis une adulte et donc composée de strates, celles de l’enfance et de l’adolescence n’en sont pas les moins importantes ! Je plonge donc dans mes souvenirs, mes émotions d’enfant ou d’adolescente pour faire remonter ces sentiments si forts, si violents qui m’ont habitée à ces différents âges. Mais j’observe aussi les jeunes qui m’entourent, mes propres enfants déjà – j’en ai deux de 15 et 11 ans – et tous les autres. Observer, s’imprégner sont des conditions incontournables lorsqu’on veut écrire, de la fiction en particulier, que ce soit pour les adultes ou les plus jeunes. Je ne pense pas que l’acte d’écrire en lui même change selon la cible. En revanche les mots, les tournures de phrases ne sont pas forcément les mêmes, selon l’âge. Il faut s’adapter, se laisser aller aussi. Lorsque je commence un roman c’est l’envie de traiter un sujet qui me pousse pas la personne à qui je suis censée m’adresser. Lorsqu’il s’agit d’une commande, c’est différent ! Là il faut tenir compte de l’objectif qu’on m’a assigné. Mais c’est un excellent exercice d’écriture que j’affectionne particulièrement aussi ! C’est pour cela que j’aime tellement cet espace littéraire : il est aussi varié que riche !
BB en short : Vous avez forcément lu, durant votre enfance, votre adolescence, ou même récemment, un ouvrage de littérature jeunesse qui vous a particulièrement marquée. Pourriez-vous en recommander un à nos lecteurs, et nous en parler un peu ?
Anne Loyer : Oh, oui ! J’en ai lu énormément et notamment pour mon blog Enfantipages. Les coups de coeur ne manquent pas et c’est difficile de répondre – de choisir plus exactement ! Durant mon enfance j’ai adoré Après la pluie le beau temps de la Comtesse de Ségur, je ne sais plus combien de fois je l’ai lu. Plus vieille j’ai naturellement été dirigée vers les classiques… (à mon époque la littérature ado n’existait pas comme aujourd’hui). Mais aujourd’hui les livres ados se sont développés et offrent de véritables pépites ! Je citerai parmi mes dernières lectures : Les petites reines de Clémentine Beauvais chez Sarbacane (roman désopilant autour de thèmes plus profonds qu’il n’y parait) ; Fantoccio de Gilles Barraqué à l’école des loisirs (magistral roman qui revisite l’histoire d’un Pinocchio adolescent) ; Sweet Sixteen d’Annelise Heurtier chez Casterman (un super roman historique et de témoignage sur la ségrégation raciale aux Etats-Unis)…
Et puis l’un de ceux qui m’ont le plus marquée Oh Boy, de Marie-Aude Murail à l’Ecole de loisirs… à découvrir absolument.
Pour les plus jeunes je recommande tous les ouvrages de la collection En voiture Simone chez Thierry Magnier, qui sont terriblement drôles et bien écrits ! L’un des derniers : Le capitaine Triplefesse de Fred Paronuzzi ! Un pur régal !
Leur collection de Petites poches, pour les lecteurs débutants 7-9 ans, est carrément géniale.
Mais il y en a plein d’autres à découvrir… et la quête n’a pas de fin… et heureusement !
BB en short : Et bien, merci encore d’avoir pris de répondre à toutes ces petites interrogations ! N’hésitez pas si vous avez un petit mot pour la fin…
Anne Loyer : Merci de cet intérêt pour mon travail ! J’espère avoir bien répondu à vos attentes et pouvoir continuer encore longtemps ce métier fabuleux ! 🙂
Voilà ! J’espère que cette interview vous donnera encore plus envie de lire Comme une envie de voir la mer, dont ma chronique se trouve juste ici !
Love, books and happiness,
Mathilde ♥
Très sympa cette interview ! 🙂
Je suis ravie qu'elle t'ait plu ! 😉