Comme une envie de voir la mer
Titre : Comme une envie de voir la mer
Auteure : Anne Loyer
Editions : Alice
Année de parution : 2015
Pages : 106 pages
Prix : 11,50 €
Résumé :
À seize ans, Ludivine vient d’avoir son bac. C’est une fierté pour ses parents. Pour elle, c’est surtout le moment tant attendu de prendre son envol et de se défaire des attentes qu’ils ont fait peser toutes ces années sur ses jeunes épaules. Entourée de tous ses amis, Ludivine fête l’événement comme il se doit. Rien ne pourrait gâcher cette journée. Sauf un message laissé sur son répondeur… Le message d’une inconnue qui va bouleverser sa vie. Du jour au lendemain, exit Ludivine, bonjour Ludie ! La jeune fille impose à tous, et surtout à ses parents, ce nouveau prénom. Mais ça amuse plus que ça n’interpelle. Alors, sans prévenir qui que ce soit, Ludie fugue vers la mer avec, en guise de bagage, son grand frère handicapé et l’espoir de trouver une réponse au mensonge qui a régi toute son existence jusqu’ici.
Mon opinion personnelle :
Je commence par remercier les éditions Alice, mais aussi Anne Loyer pour l’envoi de cette perle !
Depuis qu’Anne Loyer avait annoncé la sortie de ce livre, ce dernier me faisait de l’œil. Aussi, je ne peux que la remercier chaleureusement d’avoir fait en sorte que je reçoive un service presse. D’autant plus que cet ouvrage a été un vrai coup de cœur…
Les personnages sont tous, les uns comme les autres, séduisants. L’héroïne, Ludivine, ou plutôt Ludie, est particulièrement marquante. Belle, brillante, elle a tout pour plaire. Mais ce qui m’a surtout charmée chez elle, c’est la force son caractère, sa détermination, et surtout, la façon dont elle se révèle au fur et à mesure de la lecture. On s’identifie facilement à sa jeunesse, à sa fougue, ainsi qu’à cette manie que les gens ont, celle de lui imposer une personnalité qui n’est pas la sienne. Autre personnage fondamental, Mat, son p’tit grand frère. Souffrant d’un retard mental, il est on ne peut plus naturel. Sa fraîcheur et son insouciance apportent alors une légèreté non-négligeable dans ce roman si lourd de sens. Comment ne pas vous parler également de Patrick et Adeline, leurs parents ? Ce couple est atypique, car il est aussi lâche que bouleversant. Même si, au premier contact, le lecteur est déçu par leur comportement, il finit par les apprécier. Car cette famille, à l’histoire délicate, est extrêmement touchante, et chacun de ses membres a son importance, comme les quatre piliers d’un temple d’amour.
Le style m’a littéralement subjuguée. Dès les premiers lignes, on est totalement happé par cette plume si douée, et il devient impossible de s’en défaire. L’auteure utilise un certain nombre de figures de style, ce que j’ai trouvé admirable, car c’est de plus en plus rare en littérature, en tous cas jeunesse. C’est beau, c’est mélodieux, et c’est vrai. Car oui, l’écriture est surtout pleine d’authenticité, criante de vérité. Elle se lit pourtant facilement, et on ne voit pas les pages défiler. On perçoit une véritable patte, que j’avais déjà pu découvrir dans Candy, et dont les phrases sont toujours plus belles les unes que les autres. On se sent bien, dans ce roman, parce qu’en plus de nous mettre à l’aise, il nous parle, et ça, c’est le plus important pour un bon roman adolescent.
Dès les premiers mots, on comprend qu’on va se prendre une claque monumentale. La puissance de ce texte sonne comme une évidence, et nous assoit, littéralement. Car il y a quelque chose de fantastique, avec ce bouquin. Il a beau ne faire qu’une centaine de pages, après lecture, on a l’impression d’avoir lu plus de 500 pages. Pas parce qu’il est long, fastidieux, bien au contraire. Mais plutôt parce qu’on ressent, découvre tellement de choses, de sentiments, qu’on se dit que ce n’est pas possible de faire tenir autant en si peu de pages. Cela relève forcément de la magie ! Il y a une telle poigne, ferme et sensible à la fois, qui se dessine dans cet ouvrage. Les thèmes abordés par l’histoire sont délicats, mais pertinents. Je ne vais pas tous vous les citer pour ne pas vous spoiler, mais prenez le handicap mental, par exemple. C’est loin d’être gai, mais c’est fait ici avec une telle finesse, que tout semble plus facile. Certes, les sujets traités ne sont pas forcément originaux, ils ont déjà été vus en littérature jeunesse. Toutefois, cela ne les empêche pas de faire leur petit effet, et de devenir uniques en leur genre. Ce roman, c’est aussi un livre sur la quête identitaire, passage obligé de l’adolescence. Savoir qui l’on veut devenir, comment. La situation de Ludie a ses singularités, mais elle reprend globalement toutes les grandes lignes de cette période, avec énormément de réalisme. Cet ouvrage parle aussi d’amour. Pas forcément d’amour conjugal, car c’est surtout l’amour familial qui est ici mis en jeu. A chaque page, quelque chose est là pour nous rappeler à quel point ce sentiment est indispensable dans nos vies, pour tout surmonter, et vaincre. J’ai beaucoup aimé cet aspect de l’intrigue. Car en fait, cette lecture ne se joue pas que sur l’action, qui est assez limitée, ou sur les révélations faites, qui sont dévoilées très rapidement. En réalité, elle se concentre beaucoup plus sur le cheminement à parcourir avec ces aveux, et nous invite donc à une saisissante réflexion sur la vie, sur la vérité. Il était, je pense, nécessaire, pour ce genre d’ouvrages, de miser davantage sur la pensée que sur les faits, et l’auteure l’a très bien compris. Le voyage dans lequel nous embarque Ludie est certes concret, puisqu’elle fugue vers la mer. Même si on voit du pays, on ressent l’allégresse et l’adrénaline de l’aventure, ce n’est pas ce qui nous marque le plus. Ce qui nous intéresse véritablement, c’est le chemin intérieur qu’elle parcourt, vis-à-vis d’elle-même, de Mat, qui l’accompagne avec son regard objectif. La mer n’est qu’un prétexte, l’invitation au voyage est plus implicite que ce qu’elle en a l’air…
Je dois avouer que j’ai été surprise par la fin. Je m’attendais un peu à tout, mais pas vraiment à cela. En fait, ce n’est pas une fin à proprement parler, plus une parenthèse fermée. Il y a quelque chose brutal dans cette issue. Sublime, mais brutal. Passée la surprise, j’ai, avant de totalement finir ma lecture, cherché à comprendre, à lire au travers des mots. Et, avec un peu de recul, c’est totalement différent. On se rend surtout compte que cette chute est la plus crédible, la plus sincère possible. Elle est porteuse d’un doux message, dont je tairai le sens pour ne rien vous gâcher. Très ouverte, elle est simple et passionnée à la fois, comme la suite logique d’un parcours semé d’embûches. Il s’agit d’une conclusion idéale pour un roman mémorable, qui se dévore, mais ne s’oublie pas. Jusqu’au bout, on est pris au cœur des événements, et le combat de Ludie devient aussi le nôtre, le temps d’une lecture. Et après, on ne peut s’empêcher d’y repenser…
La couverture est magnifique. Sans prétention, en harmonie avec le récit, et avec des couleurs apaisantes. Parfaitement l’état d’esprit du contenu. Quant au titre, il est tout aussi réussi. Je le trouve très intrigant, certes long, mais justement, c’est ce qui tape dans l’œil. Poétique, il rejoint bien l’intrigue, pour un merveilleux moment…
Cela me semble clair : Vous vous devez de découvrir ce livre, et plus généralement la plume d’Anne Loyer. En plus de passer une excellente lecture, vous en sortirez changé, grandi. Pour ses personnages charismatiques, pour ce style si envoûtant, pour ces thèmes si beaux, pour tout ce qu’il vous apportera, vous ne pouvez pas passer à côté. N’hésitez vraiment pas, car je vous promets que vous ne le regretterez pas… A lire d’urgence !
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