Titre : Coeur de Brindille
Auteur : Yves-Marie Robin
Editions : Sarbacane (Exprim’)
Année de parution : 2015
Pages : 192 pages
Prix : 15,50 €
Résumé :
Cités des Biscottes, dans le Nord de la France…
Lolita dite Brindille vit seule avec sa mère, alcoolique notoire. Mais en vraie fleur de béton, libre et indomptable, Brindille ne rêve que de partir -d’abord et avant tout, pour revoir son frère aîné Angelo, incarcéré à Marseille. A l’occasion d’une rencontre foudroyante avec un jeune jongleur, elle s’envole avec un cirque tzigane… Pour Brindille, pas de doute possible : En cargo, à pied ou sur la selle d’un scooter, elle ira jusqu’au bout de son aventure.. Par le chemin où naissent les légendes !
Mon opinion personnelle :
Je commence par remercier Charlène et les éditions Sarbacane pour cet envoi sympathique !
J’avoue tout, c’est surtout la belle couverture de cet ouvrage qui m’a donné envie de le découvrir. Le résumé m’a semblé assez atypique, et j’aimais bien l’idée, alors, je me suis lancée. Et globalement, cette lecture restera un bon souvenir.
Les personnages m’ont sincèrement surprise. Ils ont tous une personnalité hors du commun, qu’on a rarement l’habitude de voir en littérature, surtout jeunesse. L’héroïne, Brindille, est pleine de fougue, de détermination, de courage. Jusqu’au bout, elle est insolente, forte. On s’attache très vite à elle, à sa bonté et sa fraîcheur, mais aussi à la fragilité qu’on devine sous ses airs invincibles. Son acolyte, Diego, lui ressemble énormément. Plein de vitalité, et d’amour pour sa belle, il n’hésite pas à passer outre les lois et les bonnes manières. Ces deux jeunes rebelles vivent leur aventure en parallèle de celle d’Angelo, le frère de Brindille. Celui-ci, prisonnier, plus calme, ne souffre pas moins pour autant. Irrémédiablement, ce jeune homme nous touche, on se prend d’affection pour sa gueule d’ange et son amour pour sa soeur, au sein d’un établissement sans pitié. Un autre personnage qui m’a beaucoup marqué, c’est le professeur de la jeune fille. L’attachement et la dévotion dont il fait preuve pour son élève sont incroyables, admirables et émouvants. Finalement, tout ce petit monde se ressemble dans le fait que chacun est unique, et mérite la plus grande attention de la part du lecteur.
Le style de l’auteur est intéressant, mais j’admets avoir eu un peu de mal à véritablement accrocher. Il est assez atypique, très franc, parfois limite vulgaire, ce qui, vous me direz, est totalement dans l’état d’esprit du bouquin. On sentait d’ailleurs, à travers les mots, une envie de se moquer des règles d’écriture, à l’image de Brindille et des codes sociaux qui l’étouffent. J’ai, pour le coup, apprécié ce risque, à la fois symbolique et pertinent. Une fois qu’on a pris le pli, la lecture devient facile, agréable, et je dirais même addictive. On se retrouve embarqué dans la soif de liberté de notre jeune héroïne, et on vit l’aventure au même rythme qu’elle, avec la même envie de croquer la vie à pleines dents.
Nous en venons donc à l’intrigue. Au premier coup d’oeil, je ne savais pas vraiment trop à quoi m’attendre, si ce n’est à découvrir quelque chose de nouveau. J’ai beaucoup aimé le cadre spatio-temporel de l’histoire, et notamment l’idée des années 70. Ce petit côté vintage dépayse le lecteur, qui se sent ainsi encore plus parti à l’aventure. La narration s’alterne donc entre Brindille et son frère Angelo, ce qui permet de promener le lecteur entre deux univers totalement différents. J’ai vraiment apprécié les passages dans le centre d’incarcération. De loin, ils pourraient sembler mortellement ennuyeux. Qu’est-ce-qu’un homme enfermé jour et nuit pourrait bien avoir d’intéressant ? L’auteur prend donc un risque, qui fonctionne alors à merveille. On découvre des choses, et la difficulté de cette vie en prison est palpable, même à travers de simples mots.Ces extraits sont forts, saisissants, et lourds de sens. On ne peut s’empêcher d’y repenser quand, quelques pages plus loin, nous sommes témoins de l’insouciance de Brindille. Car si les détours à Marseille sont plus « étroits », les aventures de la jeune fille, elles, ne manquent pas d’espace. Le lecteur se retrouve embarqué, sans trop savoir comment ni pourquoi, dans un fabuleux road-trip, parsemé de surprises en tous genres. La romance s’invite assez vite dans cette histoire un peu délurée, ce qui permet au texte à la fois de la douceur, et de la beauté. Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils sont amoureux. C’est le schéma parfait du couple formé par le hasard, mais qui sonne comme une évidence aux yeux de tous. Derrière ces airs assez guillerets, il y a aussi des thématiques plus sérieuses qui sont abordées, comme l’alcoolisme, la violence. Ainsi, l’auteur glisse à son lecteur, implicitement, quelques petites mises en garde, qui ne sont pas négligeables. L’univers du cirque est également merveilleusement bien représenté, il vend du rêve, et offre au récit une dimension plus enfantine, et authentique. Et ce qui est très bien joué avec ce bouquin, c’est que, justement, l’auteur se sert d’un décor qu’on pense connaître, qu’on assimile à une certaine naïveté, pour en faire quelque chose de totalement différent, de plus mature peut-être, mais tout en conservant cette vie un peu volage qu’ont les artistes. On suit donc avec grand plaisir nos héros, qui tentent, ensemble, d’échapper à leur passé, et à la société qui essaye sempiternellement de les rattraper. Leur combat sonne juste, et m’a complètement happée. Bon, il faut admettre que parfois, certaines choses sont assez faciles, que tout se résout assez magiquement. Mais, pris dans l’engrenage du voyage, on devient moins terre-à-terre, et on oublie que la vie n’est pas toujours aussi clémente…
La fin m’a en revanché un peu laissée de marbre. Elle est bien dosée, ménage un peu de suspense, tout en donnant réponses à la plupart des questions soulevées au cours de la lecture. Mais il m’a manqué cette petite étincelle qui fait la différence… Après, je ne dis pas qu’elle n’est pas de qualité, loin de là ! Mais j’aurais peut-être aimé un peu moins de rose, et plus d’aléas de la vie… Là, c’est plutôt une chute que je qualifierais de « mignonne », même si le terme est exagéré, vous voyez ce que je veux dire. Jusqu’au bout, on passe un bon moment, mais justement, peut-être un « trop » bon moment… Cependant, je ne veux pas paraître trop négative : J’ai tout de même beaucoup apprécié cette issue, un brin poétique, quelque peu magique, et qui s’ouvre sur un très beau message d’espoir…
Je l’ai déjà plus ou moins dit, la couverture est magnifique. Les couleurs se complètent à merveille, les motifs sont de très bon goût, l’aspect un peu vintage totalement en harmonie avec le reste, et le personnage de Brindille si bien représenté… Le titre est sympa aussi, intrigant, symbolique. Bref, un très bel ensemble qui donne envie !
C’est donc la fin d’une chronique enthousiaste. Craquez pour cet ouvrage, vous en sortirez des paillettes plein les yeux… Tout n’est pas parfait, mais c’est dans l’état d’esprit de l’ouvrage : Sans chichi, juste la vie comme elle vient. A lire, pour l’été, c’est parfait ! Vous ne le regretterez pas, promis. Au coeur du cirque, sur les routes de Belgique ou derrière les barreaux de Marseille, Coeur de Brindille vous séduira toujours !
J’ai bien aimé ! |
Livre se trouvant dans ma propre bibliothèque.
Livre reçu grâce aux éditions Sarbacane. Merci à eux !
C'est vrai que la couverture est très jolie, mais le résumé ne me tente pas plus que ça. Et en lisant ton avis on a tout de même envie de s'y pencher un peu plus.
Alors que faire ? ^^
Ta chronique donne vraiment envie ! Toutefois, je ne pense pas me ruer dessus… mais je le lirai certainement si je le trouve à la bibliothèque…C'est cette romance trop parfaite et ce trop de ''rose'' qui me rebutent un peu. Par contre, je suis curieuse de découvrir le cadre des années 70 !