Titre : Signe distinctif roux
Auteure : Anouch Bloch-Henry
Editions : Oskar
Année de parution : 2015
Pages : 99 pages
Prix : 10,95 €
Résumé :
Harold rentre en 3e dans un nouveau collège. Souvent tourmenté à cause de sa rousseur, il cherche à se faire le plus discret possible… jusqu’à sa rencontre avec Axelle. Matthieu, l’amoureux de la jeune fille, ne voit pas d’un bon œil leur amitié naissante. Il décide de tout faire pour ridiculiser ce garçon roux qui lui fait de l’ombre. Et pour cela, le physique est un prétexte en or. Les idées reçues, les blagues vaseuses et les insultes, tout y passe. La chasse aux roux est ouverte, et le gibier, c’est Harold. Heureusement, il n’est pas tout seul…
Mon opinion personnelle :
Je commence par remercier Angélique et les éditions Oskar pour l’envoi de ce petit roman !
Le thème de cet ouvrage m’a de suite attirée. Adolescence, discrimination… Tout était réuni pour me plaire, alors je l’ai débuté sans trop d’hésitation. Au final, j’ai bien aimé, mais peut-être un peu moins que ce que j’espérais…
Je n’ai pas spécialement accroché avec les personnages. Le jeune Harold est sympathique, jovial, mais sans plus. En effet, son côté un peu lunatique m’a quelque peu dérangée, j’ai eu du mal à véritablement bien le cerner. Un coup il semblait terrorisé, l’instant d’après il paraissait au contraire terrorisant… Axelle est en revanche une jeune fille que j’ai à peu près aimée. Pleine de vie et de bonnes attentions, elle est plutôt attachante et touchante, malgré, de temps en temps, une certaine naïveté un brin lourde. Quant à Matthieu, le dernier du trio amoureux, il est tout simplement odieux. Imbu de sa personne, immature, je ne suis pas parvenue à le supporter. Tout ce petit monde fait malheureusement un peu trop clichés, ce qui casse malheureusement trop avec le message de rébellion que ce livre est censé transmettre..
Globalement, le style de l’auteure est plutôt sympathique. Il se lit vite et simplement, on rentre assez bien dans le truc, aucun problème de compréhension, bref, ça coule tout seul. Selon moi, il manque parfois de profondeur, et reste bien souvent trop lisse. Après, dans un si petit livre, on ne peut pas non plus faire des miracles, mais un peu plus d’émotion n’aurait pas fait de mal. Le réalisme est évidemment de mise, il est bien respecté, ce qui est assez rare pour être relevé. Il n’est pas rare pour le lecteur de se retrouver entre les lignes, et c’est un bon point pour ce court roman.
En ce qui concerne l’intrigue, très honnêtement, il y a du bon, et du moins bon. En premier lieu, le début du récit. Il est intéressant, bien amené, et ouvre des pistes prometteuses. La tonalité donnée à l’histoire m’a de suite plu, par son très juste équilibre entre le dramatique et le récit de vie. On se laisse alors entraîner dans le nouveau quotidien d’Harold, prêt à découvrir la vérité et à le supporter. Malheureusement, assez vite, la trame prend une tournure assez particulière, que j’ai du mal à m’expliquer. On bascule alors dans quelque chose de bien moins dramatique, pas forcément moins pertinent, mais que j’ai, pour ma part, moins apprécié. Il ne faut pas s’attendre, en débutant cette lecture, à être totalement dans le côté sombre de la discrimination comme je le pensais. On a vraiment un aperçu des deux situations : L’enfer enduré et le paradis enfin trouvé. Avec du recul, la démarche est bonne, et crédibilise encore plus le livre. Mais, j’avoue que sur le coup, j’ai été relativement déçue. Passée cette déception, la suite est vraiment très bien pensée et conduite. Effectivement, les étapes du harcèlement sont extrêmement bien retransmises et décrites. L’effet de masse, la cruauté des propos, la pression du regard… Tout ceci est très bien représenté et travaillé. Le texte va crescendo, on sent, au fil des pages, une sorte de pression monter, qui rend la lecture parfois presque oppressante. Sans pour autant être romancé, le calvaire d’Harold est frappant, et étonnant. Chaque mot sonne juste, et permet au lecteur d’ouvrir enfin les yeux sur ce qu’il a peut-être volontairement ignoré auparavant. Il y a une incroyable force qui se dégage de gestes et de phrases aux premiers abords simples, mais qui cachent des éléments graves, dont il faut parler. Car même s’il n’est pas parfait, cet ouvrage a le mérité d’aborder un sujet un peu trop tabou dans notre société, le harcèlement scolaire. Ce délit, mal dissimulé derrière une désagréable couverture de honte, doit pourtant être traité dans la littérature, surtout jeunesse. Je suis particulièrement sensible à cette violence physique ou verbale qui invoque bien souvent des critères ethniques, et c’est pour cela que malgré ses défauts, ce bouquin vaut la peine d’être lu.
Cependant, la fin m’a laissée perplexe. En effet, on va vraiment très loin dans les actes de harcèlement, ce qui, en soit est une bonne chose. Pas le harcèlement hein, le fait de vraiment tout montrer, ne rien censurer. Une fois de plus, le réalisme de ce récit en sort renforcé. Mais, lorsque la chute survient, on reste bouche bée, on ne comprend pas. J’ai eu une drôle de sensation d’inachevé, je suis, pour moi, restée sur ma faim. Dans un livre comme celui-ci, on aime que la boucle soit bouclée. Pas qu’elle ne s’achève dans une happy end désopilante, mais plutôt qu’elle conduise à un message de force, d’espoir. Très concrètement, ce n’est absolument pas ce que j’ai lu entre ces dernières lignes. J’ai vu, dans quelques chroniques, que certains avaient trouvé ce fameux message. Ce n’est pas mon cas, ce que je trouve sincèrement dommage. Ma lecture s’est donc terminée sur une note un peu amère, et après une si belle dénonciation, c’est bien embêtant.
La couverture est très simple, mais reflète très bien le livre. Je trouve qu’elle plus de cela, elle a un certain charme, notamment grâce à ses couleurs. Et puis, la citation qui y est inscrite, n’est-elle pas superbe ? Je veux dire par là qu’elle est terriblement bien trouvée, tournée. Le message est clair. Quant au titre, il est, à mon sens, assez surprenant, moderne, et plaisant. L’harmonie avec le contenu est total, ce qui est donc parfait et séduisant pour attirer de potentiels lecteurs.
Vous l’aurez donc compris au cours de cette courte chronique, ce livre n’est pas irréprochable. Parfois, il manque de relief, ou de petits détails qui semblent dérisoires face à l’importance de ce qu’il met en scène. Toutefois, il est nécessaire de s’y intéresser, de dévorer ses pages, de se confronter à la réalité des cours de récréation. N’oublions jamais le témoignage de Nora Fraisse. Le harcèlement est dangereux, il faut en parler, et cet ouvrage le fait très bien, alors, n’hésitez plus, lisez-le, et ouvrez enfin les yeux.
J’ai bien aimé ! |
Livre se trouvant dans ma propre bibliothèque.
Livre reçu dans le cadre du partenariat avec les éditions Oskar. Merci à eux !
Un titre qui me tente et comme toi, la couverture me plaît.
Je t'invite vivement à le découvrir alors 🙂
L'histoire me tente vraiment ! 🙂
C'est d'actualité malheureusement… Je te la recommande vivement en tous cas 😉