Une jeune mère dans la Résistance : Olga Bancic
Titre : Une jeune mère dans la Résistance : Olga Bancic
Auteure : Marie-Florence Ehret
Editions : Oksar
Année de parution : 2015
Pages : 163 pages
Prix : 11,95 €
Résumé :
« Ma chère petite fille, mon cher petit amour. Ta mère écrit la dernière lettre, ma chère petite, demain à 6 heures, le 10 Mai, je ne serai plus. Mon amour, ne pleure pas, ta mère ne pleure pas non plus… »
Ces mots sont extraits de la lettre écrite le 9 Mai 1944 par Olga Bancic à sa fille Dolorès, alors âgée de 5 ans. Engagée dans la Résistance française, cette jeune femme roumaine, juive et communiste, faisait partie du groupe de FTP immigrés dirigés par Missak Manouchian. Arrêtée avec ses camarades, elle fut exécutée par les nazis. La vie et le combat d’Olga Bancic sont un exemple pour tous ceux qui refusent le triomphe de la barbarie. Le destin du groupe Manouchian auquel elle appartenait a inspiré le célèbre poème d’Aragon chanté par Léo Ferré sous le titre de L’Affiche rouge.
Mon opinion personnelle :
Je commence par remercier Angélique et les éditions Oskar pour ce très bel envoi !
Lorsque cette maison d’édition m’a contactée accompagnée de son nouveau programme de parutions, j’ai de suite flashé sur ce petit ouvrage. « Passionnée » par la Seconde Guerre Mondiale, la Résistance est cependant un aspect de celle-ci que je connais assez mal. En sachant en plus que toute l’histoire narrée ici a été réelle, je ne pouvais pas passer à côté de ce livre. Et j’ai bien fait, car il est formidable.
Bien entendu, hors de question de parler ici des personnages : Tout le monde a bel et bien existé. Olga Bancic est une femme incroyable, déterminée et brave, et surtout très intelligente. On s’attache inévitablement à elle, à sa force et à son histoire touchante. Jusqu’au bout, elle reste humble, et surtout convaincue de ces idées. Elle est admirable, et terriblement attachante grâce à son naturel, et à son héroïsme des plus humains. Ce roman est également l’occasion de mieux découvrir chaque membre du groupe Manouchian, leurs diverses personnalités, et rôles dans la Résistance. Mais il permet surtout de comprendre la rage, la soif de justice et de vengeance qui les animaient tous.
Le style de l’auteure est très simple, très discret. Ce choix est selon moi très judicieux, car il permet de laisser le maximum de place possible à la vie d’Olga. Ainsi, l’auteure ne s’accapare pas une histoire qui n’est pas la sienne. Au contraire, elle fait tout pour qu’on ne s’attarde pas sur les mots, mais sur leur sens. En plus de cela, l’ouvrage est donc très accessible, et rend la compréhension aisée. Non seulement ce livre est très enrichissant, mais il est aussi captivant. Pas de place pour la fiction, tout ici est véridique, et pourtant, ce livre parvient à nous tenir en haleine. Et ça, c’est fort, croyez-moi.
Là encore, on ne peut pas parler d’intrigue, étant donné qu’il s’agit d’une biographie. Ce livre nous entraîne donc dans la vie d’Olga : Il nous donne l’occasion de découvrir certes son enfance, mais surtout son engagement au sein de la Résistance. Grâce à lui, on cerne vraiment bien ce qu’était ce mouvement. Les actions menées, qu’elles soient conséquentes ou non, sont très bien rapportées, et offrent au lecteur de solides connaissances sur le sujet. D’ailleurs, je tiens à saluer le travail de recherches qui a dû être effectué pour rédiger ce bouquin. Chaque détail permet de rendre ce récit toujours plus vivant, et donc toujours plus saisissant. La majeure partie du texte se concentre sur le combat d’Olga. Tout au long du texte, on suit son évolution, les risques toujours plus grands qu’elle prend. Mais elle nous offre également la possibilité de rencontrer par procuration chaque membre du groupe Manouchian, et de mesurer enfin l’importance de ce réseau. Le fait d’ouvrir un peu le récit sur les autres acteurs de ce mouvement est d’ailleurs bien pensé, et agréable. Il faut savoir que si les actes de la jeune femme se ressemblent, ils ne sont jamais pour autant lassants, ou quoi que ce soit. Au contraire, on se sent véritablement impliqué dans son récit, et, même 70 ans plus tard, son combat devient le nôtre. Elle n’a pas vécu des choses faciles, loin de là, et son inlassable bravoure est stupéfiante. Olga n’avait pas le rôle le plus décisif au coeur du mouvement, elle n’était pas sur le devant de la scène, et restait plutôt retranchée dans les « coulisses ». Néanmoins, ce n’est pas pour cela que c’est moins intéressant, loin de là. Effectivement, les rares choses que je connaissais sur la Résistance tournaient beaucoup autour des hommes, des bombes, des assassinats. Jamais je n’aurais imaginé que derrière tout cela, les armes, dissimulées dans des paniers ou des landaus, étaient le plus souvent entre les mains des femmes. C’est pour cela que ce bouquin est pertinent : Il nous révèle les aspects les moins connus du mouvement. Pourtant, ce bouquin ne cherche pas à surprendre le lecteur : Dès le début du texte, on sait très bien ce qu’il va advenir de la jeune héroïne. Mais j’ai été étonnée que cela arrive aussi vite dans le livre. C’est là qu’on se dit que c’est trop rapide, c’est une vie bien trop éphémère pour une si grande dame… Cet ouvrage est comme un coup de poing pris en plein ventre, qui nous coupe le souffle, et nous met mal à l’aise… La seconde partie du texte, celle, donc, au cours de laquelle Olga est aux mains des nazis, est très différente de la précédente. En effet, c’est une jeune femme totalement autre que l’on suit. Elle ne perd rien de sa détermination, cependant, on sent une sorte de lassitude qui la gagne, elle paraît presque être éteinte. Son changement de comportement est flagrant, et illustre parfaitement l’emprise qu’avait le régime sur les Hommes.
De toute évidence, la fin est loin d’être gaie. A ma grande surprise, elle traîne, elle tourne en rond, Olga ne semble jamais pouvoir être en paix. Sur le coup, c’est assez étonnant, et ma première pensée a été de me dire que l’auteure s’attardait trop sur cet événement. Mais presque aussitôt, on fait le lien, et on se rend compte que non, cela n’est un choix de l’auteur. Cette torture d’esprit, ce principe de ne jamais faire quelque chose de concret, de tourner autour du pot, c’était bel et bien la façon de fonctionner des nazis. La violence. L’attente. L’ignorance. Les faux espoirs bien vite avortés. Tout cela faisait partie du nazisme. J’ai apprécié que les faits ne soient pas narrées de façon brutale, car il faut tout de même garder en tête que ce livre s’adresse en priorité à des enfants. Je craignais qu’une chute trop violente fasse perdre à ce livre son message d’espoir, mais fort heureusement, l’auteure manie très bien les choses, et nous apporte certains détails supplémentaires très pertinents. En plus de cela, l’ouvrage se conclut sur un dossier illustré par des documents d’époque, avec notamment, des portraits des membres du groupe, d’Olga, ou encore les lettres manuscrites de la jeune femme. Très enrichissantes, ces quelques pages forment un véritable plus, qui marquent d’autant plus le lecteur, et permettent de mieux mesurer la gravité et la réalité des faits.
La couverture est très belle, très simple, à l’image d’Olga, mais aussi très représentative de l’histoire, puisqu’il s’agit du véritable portrait de la jeune femme. Le titre est lui aussi très bien choisi, car il décrit à merveille la particularité de la situation d’Olga : Son déchirement entre maternité et engagement dans la Résistance.
Pour conclure, il s’agit là d’une excellente lecture, que je vous recommande très vivement. Elle vous apportera beaucoup, aussi bien culturellement qu’humainement. Facile à lire, captivante, que vous soyez un enfant ou un adulte, cet ouvrage est fait pour vous. A lire, pour en apprendre plus sur le groupe Manouchian, mais surtout, pour ne jamais oublier.
J’ai adoré ! |
Livre se trouvant dans ma propre bibliothèque.
Livre reçu dans le cadre du partenariat avec les éditions Oskar. Merci à eux !
J'avais étudié au collège l'Affiche Rouge et je m'en souviens bien, j'avais été très touchée par l'histoire de ces résistants, étrangers, mais qui ont donné leur vie pour la France. Je pense que ce livre doit être une leçon de courage et d'humilité, alors je vais le lire bien sûr ! 🙂
Effectivement, je te le recommande vivement, car je suis persuadée que tu vas l'adorer ! Il est magnifique 🙂