Titre : Le cimetière des poupées
Auteure : Mazarine Pingeot
Editions : Points
Année de parution : 2008
Pages : 105 pages
Prix : 6,10 €
Résumé :
Comment elle, la mère dévouée, l’épouse aimante, pilier d’un couple admiré de tous, est-elle devenue cette meurtrière? Par quel subterfuge est-elle parvenue à dissimuler sa grossesse aux yeux de tous, sans que personne ne s’en aperçoive, durant neuf mois ? Quand la folie et le mensonge ont-ils commencé ? En prison, dans une lettre à son mari, une femme raconte comment elle a tué son enfant.
Mon opinion personnelle :
Je ne connaissais pas du tout ce livre avant de tomber dessus la semaine dernière, dans la location que j’occupais pour les vacances. Agréable couverture, titre intrigant, résumé un peu sanglant, il n’en fallait pas plus pour me séduire. Je me suis donc jetée dessus, et j’ai été assez déçue.
La narratrice est une femme, une bien étrange femme. Elle est un peu lunatique, elle est très torturée, elle n’a pas vécu des choses faciles. Tout porte à croire qu’il s’agit d’une personne à laquelle on s’attache facilement, qui nous noue le cœur. Mais c’est une meurtrière. Elle a tué son enfant. Un nourrisson. Comment ne pas frissonner de dégoût en sachant cela ? Et pourtant, elle semble si inoffensive. Tout au long du roman, le lecteur est donc déchiré, entre l’apparence passive de cette femme, et ce qu’il sait véritablement sur elle. Ce bouquin, ce contraste provoque un sentiment très perturbant : Qu’il ait pitié d’elle ou non, le lecteur se sent, à chaque page, coupable. C’est très fort, comme coup, et perturbant. Très bon point, donc. Un mot sur un seul autre personnage, le mari de cette femme, à qui la totalité du livre s’adresse. Je l’ai détesté. Pour lui, je n’ai jamais hésité. Non pas que la narratrice nous incite à le détester. Mais, au fil des pages, je sentais gonfler en moi une haine implacable (Oui, je pèse mes mots, vous me connaissez.) pour cet homme imbuvable, égoïste, manipulateur. Je refusais de croire que pareil homme puisse exister, et pourtant. Les personnages sont donc une très belle réussite pour cet ouvrage, vraiment.
J’ai eu du mal avec le style de l’auteure. Il n’est pas mauvais, loin de là. Il est intéressant, relativement entraînant, il vous happe rapidement et longuement. Cru, honnête, cassant, nature, le vocabulaire est sans prétention, très adapté au style du texte. Il permet alors de renforcer l’authenticité du récit, qui est, rappelons-le, très largement inspiré d’un véritable fait divers. Mais il y a quelque chose qui m’a énormément gênée dans ma lecture : Le fait que ce bouquin soit une conséquente lettre au mari de la narratrice. Par conséquent, l’écriture est pleine de « Tu », d’apostrophes destinées à ce terrible homme. J’ai trouvé que cela imposait une certaine barrière entre le lecteur et l’histoire, et empêchait de se sentir au plus près de la narratrice. C’est dommage, car tout le reste est très, très bon.
Que dire de l’intrigue ? Je suis très partagée. Je trouve que l’idée de base était excellente. Le sujet traité, l’infanticide, est peu abordé en littérature, car assez tabou. Je salue donc cette prise de risques, car écrire un roman, du point de vue de la criminelle, sans faire polémique, n’est pas chose aisée. En débutant cet ouvrage, on s’attend véritablement à comprendre pourquoi, ce qui peut pousser à commettre ainsi l’irréparable. Bien entendu, un tel geste est injustifiable. Mais le lecteur veut tout de même savoir. Alors, pendant 99% du récit, on apprend à connaître cette femme. De sa plus tendre enfance au « Jour J », elle se dévoile, on l’apprivoise. Toute cette partie est intéressante, et nécessaire au texte. Elle est intelligemment amenée, de façon à faire crédible, authentique. Au début, on est donc captivé par le quotidien de la narratrice. On a cette soif de savoir qui nous pousse, qui rend chaque détail impressionnant, fascinant. Chaque mot est pris en considération, on note tout, de manière à passer au peigne fin chaque élément qui pourrait « donner raison » à cette femme. Pour le coup, cette lecture demande une certaine dose de concentration. Mais, petit à petit, tout cela devient trop. Ca devient fastidieux de chercher la petite bête, d’attendre LE détail. On creuse, mais on ne trouve rien. Qui ne se lasse pas de ce genre de situations ? Alors, au fur et à mesure, notre lecture se ralentit, on est moins dans le truc. Car elle a beau ne pas être joyeuse, la vie de cette femme n’est pas pour autant trépidante. C’est inévitable : On finit par s’ennuyer. A partir de ce moment, lire ce bouquin devient plutôt une corvée, car il a beau être court, on en voit pas le bout. C’est bien dommage, car ça partait bien ! Mais j’avoue qu’à la moitié, j’ai décroché. Heureusement, cette sorte de curiosité malsaine nous conduit à aller plus loin. Cela nous permet de toucher à des sujets délicats, ce qui n’est pas si mal en soit. Mais il manque quelque chose pour que cet ouvrage soit prenant aux tripes. J’imagine que c’est un parti pris, de le romancer le moins possible, pour se rapprocher au maximum de la réalité et du fait divers à l’origine du bouquin. C’est un choix qui se respecte. Mais qui, à mon sens, n’était pas le plus adapté pour cet ouvrage. Je comprends l’idée, et me dis, qu’après tout, une telle histoire ne peut être passionnante. Mais je n’y peux rien, mon œil critique m’incite à avoir cette opinion. A vous de voir si vous la partagerez ou non…
J’ai été déçue par la fin, en majeure partie. Après tant d’efforts, tant d’attente, j’espérais trouver au bout quelque chose qui en vaille la peine. Et puis, à savoir pour de bon ce qui s’était passé. C’est bien beau de comprendre les raisons de quelque chose, encore faut-il savoir de quoi on parle à la base. Malheureusement, ce n’est pas le cas. On ne sait au final presque rien, très peu d’indices sur les faits sont donnés. Tout cela reste dans le vague, et m’a laissé sur ma faim. Comme pour le reste, j’entends que ce soit plus ou moins par pudeur, par respect. Je suis probablement trop adepte du voyeurisme. Mais, en tant que lectrice d’un roman aussi lourd et psychologique, je m’attends à ce que mon regard soit éclairci par la chute. Sauf que ce n’est pas le cas. C’est bien dommage, encore une fois. Du coup, j’ai vraiment du mal à conserver un bon souvenir de ce livre, qui était pourtant prometteur. Néanmoins, même au moment crucial, je me suis ennuyée, et ça, ce n’est pas possible pour un bon bouquin.
Je trouve la couverture plutôt belle, et ingénieuse. De loin, elle semble discrète, simple, et prude. Mais quand on s’approche vraiment, elle prend un tout autre aspect, ce qui s’accorde terriblement bien avec le texte. Pour ce qui est du titre, je suis aussi très emballée : Il est étrange, intrigant, mais on le comprend très bien après lecture. Le livre-objet est donc au top, y a pas.
En conclusion, même s’il part de bons éléments, ce livre est une déception. Il partait bien, et puis, ça a mal tourné. Il est peut-être trop réaliste pour intéresser véritablement un lecteur. C’est un parti pris, qui n’a pas fonctionné avec moi. Cependant, au vue de sa petite taille, si vous êtes intrigué, tentez, car vous serez peut-être plus séduit que moi, vous n’avez rien à y perdre, puisque par exemple, le début est loin d’être mauvais. Mais il m’a manqué quelque chose pour vraiment m’y faire…
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J’ai été déçue… |
Quand j'ai vu ta chronique, je me suis dit : "Ah ! Un livre intriguant, que je pourrais lire !" et puis, au vu de ton avis, je pense laisser tomber :-/
Dommage, mais cela arrive 😉
J'avais eu la même réaction en le découvrant, malheureusement, je m'étais trompée… Dommage en effet, mais bon, tout ne peut pas plaire ! 😉