Titre : Le comédien de Molière
Auteure : Annie Jay
Editions : Le Livre de Poche Jeunesse
Année de parution : 2015
Pages : 188 pages
Prix : 4,95 €
Résumé :
Un nouveau ! Molière accueille dans sa troupe un jeune homme au talent époustouflant. Michel Baron est orphelin et commence son apprentissage auprès du grand maître. Molière le traite comme un fils, lui apprend le métier, le comble d’affection, et le fait monter sur scène devant le Roi. Bientôt, le jeune prodige séduit le public de Paris, on ne parle que de lui. C’est un triomphe !
Mon opinion personnelle :
Je commence par remercier Betty et les éditions Hachette pour cet envoi !
Passionnée de théâtre, amoureuse de Molière, il était donc tout naturel pour moi de me diriger vers ce livre. J’ai bien eu raison, car je n’en ai fait qu’une bouchée, et je me suis régalée.
Les personnages étaient extrêmement attachants. Michel Baron est un comédien dont j’ignorais l’existence, mais qui a réellement existé. En revanche, sa mère, La Baronne, ne m’était pas inconnue. Ce jeune garçon est très talentueux, charmant, et il le sait. Assez narcissique et irréfléchi, voire même carrément immature, il aurait pu rapidement devenir insupportable. Mais ce n’est pas le cas, car malgré tout, il reste touchant, sa naïveté prétentieuse est son atout pour charmer le lecteur comme il charme son public. Molière est ici fidèle à lui même : Doué, généreux, persévérant. Cet homme dégage quelque chose d’incroyable, un magnétisme terrifiant. Il sait ce qu’il veut, et, même à travers des mots, sa prestance est stupéfiante. Un petit mot sur Armande, l’épouse de l’illustre comédien : Je ne l’aimais déjà pas beaucoup, mais alors là, sa jalousie et sa fierté sont encore plus accentuées, Elle apparaît aux antipodes de son mari, pour notre (mon ?) plus grand plaisir…
Le style de l’auteure est un pur délice. Je n’avais pas grande crainte, connaissant bien la belle plume d’Annie Jay. On retrouve ici sa simplicité, son efficacité, mais il n’est pas pourtant trop enfantin. Comme à son habitude, le fond historique est conséquent, et très instructif. Le roman se lit tout seul, très facilement et rapidement. L’évolution du comportement des personnages est très bien mise en valeur, on sent qu’il y a derrière un lourd travail de recherches. J’ai également noté et apprécié la richesse du vocabulaire théâtral. Bon nombre de bouquins sur Molière omettent ce détail, pourtant fondamental ; c’est donc suffisamment rare pour être relevé et valorisé dans cette chronique.
L’intrigue est très intéressant, très pertinente. Elle mixe en fait deux parcours : Celui de Michel Baron, et celui de Molière, des premiers pas sur scène du premier au décès du second. Je ne m’attendais pas totalement à cela, mais ce fut une bonne surprise. Ce roman est donc l’occasion de suivre la progression de l’un, et la réussite de l’autre. Le début du texte est assez difficile, pas forcément très gai. Et, petit à petit, l’ombre d’antan laisse place à la lumière des projecteurs. (C’est beau. *Larmichette*) Même si le théâtre reste le coeur de ce récit, il aborde aussi d’autres thèmes. Il permet par exemple de s’intéresser à la Cour, à ses artifices et ses douleurs. On apprend beaucoup de choses, plus ou moins étonnantes. La dangereuse ivresse des plaisirs de la Cour est très bien représentée, et sonne juste. Il en est de même pour la rivalité, mot d’ordre de l’époque, qu’elle soit entre troupes, amants ou encore comédiens. On retrouve également dans cet ouvrage l’éternel débat/combat de Molière : La médecine. Cette partie de la vie du dramaturge est traitée de façon assez éloignée, peut-être est-ce donc ce qui manquait à l’histoire pour être parfaite. Suivre le quotidien de diverses troupes de théâtre (Grâce à Michel, vous découvrirez au total trois différentes troupes) est une expérience très enrichissante, qui permet de vraiment bien cerner la divergence qui existait vis-à-vis de la reconnaissance de l’art dramatique. Bien qu’il soit majoritairement historique, ce livre ne laisse pas pour autant l’action sur le banc de touche. En effet, la vie du jeune protagoniste, Baron, est loin d’être un long fleuve tranquille. Il vit des événements peu banaux qui pimentent un peu l’histoire, et la rendent encore plus prenante. Un mot sur la relation qui se tisse petit à petit entre Molière et Michel : Elle est fantastique. Très touchante, l’auteure souligne à merveille sa profondeur et son originalité. Ce récit mêle donc à merveille de nombreuses émotions, douces-amères. Le lecteur est alors témoin de l’Histoire du théâtre, et de deux étoiles qui, chacune à leur façon, ont illuminé, illuminent et illumineront les planches.
J’ai beaucoup apprécié la fin. Bien entendu, je ne vous apprends rien, elle n’est pas très drôle : Il s’agit de la mort de Molière. (Non, je vous spoile rien, tout le monde sait quand et comment Molière nous a quittés. Si vous ne le savez pas… Non, je ne préfère même pas imaginer quelqu’un ignorer cela. Tout de même !) Bon, le récit ne se stoppe pas pour autant à l’instant de son dernier souffle. Il nous laisse apercevoir le futur de la troupe, la façon dont le monde du théâtre s’est relevé de cette terrible perte. Il offre de l’espoir, et de la vie. Je regrette cependant de ne pas avoir le fin mot de l’histoire de Michel Baron, auquel on s’attache. Il est assez frustrant de ne pas savoir ce qu’il est advenu des années plus tard, grâce à Molière… Mais ce n’est qu’un détail, car après tout, on lit avant tout ce roman pour Molière. Ce court bouquin permet vraiment de découvrir un autre visage du dramaturge, paternel, émouvant, mais aussi de voir en lui un maître, un homme prêt à partager et léguer son savoir et son talent.
Le titre est bien choisi, il reprend très bien l’idée du livre. Au premier abord, il est assez surprenant, mais est en réalité le parfait reflet de l’intrigue. La couverture est assez simple, aux couleurs vives, et représente encore une fois très bien le récit : Molière, ombre qui hante son jeune élève Michel.
C’est donc une très belle découverte, que je vous recommande très vivement. Pour en savoir plus sur Molière, sur le théâtre, pour connaître un autre brillant acteur du XVIIème siècle… Sans être trop jeunesse, il vous apportera une certaine culture, et saure vous toucher. Il en vaut vraiment le détour, car il est très bien pensé et amené. A lire !
J’ai adoré ! |
Livre se trouvant dans ma propre bibliothèque.
Livre reçu dans le cadre du partenariat avec le site Lecture-Academy et les éditions Hachette. Merci !
Ah, Annie Jay ! Ses romans historiques sont très bien faits, elle fait preuve d'une grande précision historique comme tu le soulignes.
Si je trouve ce livre, ni une, ni deux, je le prends sans hésiter. Molière est un grand dramaturge, si ce n'est le plus grand. J'ai eu du mal à m'y mettre, mais je ne l'apprécie que mieux. Ses traits piquants, son ingiéniosité, son humour me plaisent énormément !
Cependant, même si je ne lisais pas ses oeuvres, j'aimais en apprendre sur lui (peut être aussi car j'aimais Lully, et vu que leurs chemins se sont croisés…), ainsi que sur sa troupe etc.
Bref, ce roman me tente bien,merci pour la découverte !
Effectivement, n'hésite pas, surtout quand on voit le prix ! Tu seras servie en détails sur sa vie. Je serais curieuse de lire ta chronique ! 🙂