Titre : « Merci d’avoir survécu »
Auteur : Henri Borlant
Editions : Points
Année de parution : 2011
Pages : 186 pages
Prix : 6,30 €
Résumé :
« Merci d’avoir survécu ». C’est le petit mot qu’adresse un élève de 15 ans à Henri Borlant, à la suite du récit de sa déportation devant une classe de collège. Seul survivant des 6000 enfants juifs de France de moins de 16 ans déportés à Auschwitz en 1942, Henri Borlant témoigne de l’horreur des camps. Et aussi du courage de ses compagnons, ceux qui ont réussi à préserver leur humanité par-delà la barbarie.
Mon opinion personnelle :
Mon professeur d’Histoire/Géographie nous a fait acheter et lire cet ouvrage dans le cadre de notre cours sur la Seconde Guerre Mondiale, en partie car Henri Borlant est un réfugié de notre département. Vous vous en doutez, j’étais ravie d’avoir un bouquin à lire en plus, surtout dans une matière autre que le Français. Surtout que je l’ai adoré. Bon, comme à mon habitude avec les témoignages, cette chronique sera différente du schéma habituel : On ne peut pas juger de la même façon fiction et réalité.
Nous suivons donc l’auteur, Henri Borlant, à travers sa terrible adolescence au coeur de la déportation. Il s’agit d’un témoignage, il n’y a donc pas une once de fiction dans ce livre. J’ai à peu près l’âge qu’avait Henri à son arrestation, puis pendant ses années en camps, ce qui m’a permis de me sentir encore plus concernée par son histoire. On apprend à découvrir les pires horreurs qu’il soit à travers le regard d’un jeune homme, conscient de l’atrocité de ce qu’il vivait, ce qui rendait les choses encore plus frappantes. Bien entendu, le lecteur suit également les proches d’Henri : Ses grands-parents, ses parents, ses frères et sœurs, ses amis… Je me suis particulièrement prise d’affection pour sa tante, Fanny, résistante à la forte personnalité, qui a vécu des choses bien différentes, mais terribles aussi. En fait, le pire dans cette lecture est de se mettre dans le crâne que toutes ses personnes ont été/sont réelles.
Le style était vraiment très bon. Parfois, dans les témoignages, l’écriture est brinquebalante, pas forcément très claire ou stylisée. Pourtant, ici, c’est le cas. Henri Borlant nous confie son passé avec ses tripes, tout en y apportant des effets de style. On sent que son récit a été raconté bon nombre de fois, les mots sont choisis de façon très pertinente. L’auteur appelle un chat un chat, et tente de faire passer dans ses lignes toute la souffrance qu’il a pu endurer. Le texte défile tout seul, impossible de décrocher. Henri Borlant ne cherche pas à susciter la pitié, mais seulement à témoigner de la vérité. Il reste simple et humble dans ce qu’il narre, et c’est tout à son honneur, vraiment. Car, on peut le dire, avec ce qu’il a vécu, cet homme est clairement un héros.
Bien entendu, hors de question ici de parler d’intrigue ou d’idées. Le parcours d’Henri et de ses proches est loin d’être facile et gai, et pourtant, il est fondamental d’en parler, pour ne pas oublier. Vous commencez à me connaître, j’aime la franchise, la vérité, et lire ce témoignage a été une excellente occasion d’en apprendre davantage sur la déportation, sur l’injustice. Rappelez-vous, l’année dernière, de ma chronique de Si c’est un homme. J’avais été très directe, mais je vous rassure, j’avais bien compris que l’effet de style choisi, la froideur, était symbole de la déshumanisation causée par les camps. Sauf que, de mon point de vue, les récits de ce genre doivent être accessibles à tous, et toucher les générations pour marquer et ainsi ne pas être oubliés. Si l’on ferme le passé à toutes les personnes qui n’auront pas envie de s’amuser à chercher les effets de style, comment allons-nous nous souvenir ? C’est pour cela que j’ai largement « préféré » ce témoignage, pour la simplicité et l’accessibilité. Bref, je ferme la parenthèse. La portée historique de ce livre est évidemment très forte, et apporte de nombreuses connaissances. J’ai juste parfois été un peu perdue vis-à-vis de la chronologie, de par quelques allers et retours dans les années, mais rien de bien gênant. Certains passages m’ont véritablement marquée, parfois même pour de simples anecdotes. Je pense par exemple au message d’Henri envoyé à sa mère grâce à un cheminot… L’auteur veille à détailler les points importants de son ouvrage, de manière à briller encore plus par son réalisme. Le livre est agrémenté de photos, de documents officiels, qui permettent de renforcer encore plus les émotions de ce texte. Celui-ci s’achève petit à petit avec de l’espoir, du renouveau, insistant ainsi sur l’importance de « l’après » pour les déportés. Je n’ajouterais rien de plus sur ce bouquin, parce qu’il est déjà difficile et délicat de chroniquer la vie d’un homme ayant tant souffert injustement.
J’avoue qu’au début, je n’ai pas saisi le sens du titre. Et puis, quand j’ai su qu’il s’agissait d’une citation d’un adolescent à propos d’Henri, je l’ai trouvé fantastique. Symbolique et touchant, c’est donc un excellent choix. De même pour la couverture, qui est une photo de la collection personnelle de l’auteur, et qui s’accorde donc parfaitement avec ce qu’elle renferme.
Voilà donc une très belle lecture qui saura vous instruire et vous prendre aux tripes, que je vous recommande très vivement. Pas bien long, ce petit ouvrage est bourré de réalisme et d’émotions, vous ne le regretterez pas, promis. Malgré la difficulté du sujet traité et la délicatesse qu’il requiert, Henri Borlant fait les choses très bien et nous dévoile, sans pudeur, un peu de son passage aux Enfers. N’oublions jamais.
J’ai adoré ! |
Livre se trouvant dans ma propre bibliothèque.
Je ne connaissais pas mais tu donnes très envie de le lire 🙂
N'hésite pas 🙂
Tu donnes envie… Je le note!
J'espère que tu auras l'occasion de le lire un jour !
Ce livre me fait très envie merci pour la présentation !
De rien, je te souhaite de le lire !
Il est sympa ton prof de géo/histoire ! Tu me donnes envie de le lire, je me laisserais sûrement tenter si je le voyais à la bibliothèque !
Oui, c'est un excellent prof qui sait toucher à tout pour enseigner et qui a, selon moi, tout compris à la manière d'intéresser les élèves. J'espère bien que tu le liras, il en vaut le coup, vraiment !