Titre : Œdipe roi
Auteur : Didier Lamaison
Editions : Folio (Policier)
Année de parution : 2006
Pages : 139 pages
Prix : 7,90 €
Résumé :
En arrivant dans une cité harcelée par les vieux démons de la peur et de la division, Œdipe a ouvert les portes et les cœurs. Il a naturellement été fait Roi. Personne ne sait d’où il vient. Le sait-il lui-même ? Une enquête haletante va révéler une vérité si effrayante qu’Oedipe Roi de Sophocle est devenu, au fil des siècles, la mère de toutes les tragédies, celle qui porte en elle tous les modèles du roman noir.
[Ce livre comporte le mythe original et la réécriture. Ayant déjà chroniqué le mythe juste ici, je vais l’occulter dans cette chronique, et me concentrer sur la seconde version…]
Mon opinion personnelle :
Ce bouquin faisait partie des lectures complémentaires de mon cours de Français (1ère L, Objet d’étude : Les réécritures). Vous le savez (Ou pas, en fait), j’ai décidé de lire tous les livres proposés cette année, et je me suis donc tout naturellement plongée dans celui-ci ce week-end. Et, à ma grande surprise, j’ai adoré.
Je ne vais pas m’attarder plus que cela sur les personnages, au bout d’un moment, avec toutes les chroniques œdipiennes que je poste en ce moment, (Si si, ça existe comme mot.) je vais finir par me répéter, et ce n’est intéressant ni pour vous ni pour moi. Comme d’habitude, il y a Œdipe, Jocaste, Tirésias, Anubis, Antigone, et toute la clique. Dans cette version romanesque, on a la possibilité de mieux les découvrir, contrairement au théâtre. J’ai trouvé qu’ils semblaient ici plus réels, qu’on avait d’avantage l’occasion de s’attacher à eux. Effectivement, le lecteur se trouvait plus proche d’eux, et les traits de caractère sont plus explicites ici. De ce fait, la réécriture s’annonçait déjà bien. Néanmoins, j’ai été très étonnée de la personnalité d’Oedipe, qui apparaissait ici comme un homme sage, mûr et réfléchi. A vrai dire, il faisait presque louche…
J’ai immédiatement accroché avec le style de l’auteur. Il parvient à reprendre le mythe avec beaucoup de modernité, et à captiver le lecteur. Personnellement, ayant vu le mythe en long, en large et en travers, j’avais peur de trouver ça redondant et de m’ennuyer profondément. Mais pas du tout, j’avais vraiment l’impression de redécouvrir l’histoire. Ca se lit tout seul et rapidement, et c’est un réel plaisir. C’est donc un moyen très accessible pour (re)découvrir le récit de Sophocle, tout en « simplicité » et tout en efficacité.
Bon, pour l’intrigue, rien de très original non plus. A vrai dire, j’ai l’impression d’être en train de rédiger la même chronique pour la troisième fois… Bref. Cette version est présentée comme étant policière. D’un point de vue très personnel, je n’ai pas spécialement trouvé que ce bouquin était un roman policier, en tous cas, pas plus qu’avec Sophocle ou Cocteau. Certes, on sent que l’auteur cherche à instaurer une ambiance plus sombre et plus énigmatique, l’atmosphère est un peu plus pesante que dans les deux pièces. Toutefois, ce n’est pas flagrant. En même temps, le mythe original est presque déjà à lui seul une enquête policière, et se prête vraiment bien à ce genre d’adaptation. Le récit est n’est ainsi pas vraiment modifié, c’est plus la forme qui varie. En revanche, il y a bien plus de détails et de petits rajouts, ce que j’ai adoré. On sent que les pensées et tourments des personnages sont davantage creusés, Etant très curieuse et friande de détails totalement futiles, j’ai adoré cette façon de faire. Le rythme donné au livre est très bon, plutôt déstabilisant au début de par la rapidité, puis la lenteur de certains passages. Sauf qu’avec du recul, on se rend compte qu’il s’agit en fait de la même technique que celle de Sophocle. Et ça, c’est un très bon point, plutôt discret, mais excellent. A part ça, que vous dire de plus sans trop me répéter vis-à-vis des autres chroniques œdipiennes ? Ah si ! Il me faut ajouter un mot à propos du suspense. Evidemment, pour moi, il n’y en avait aucun, étant donné que j’ai étudié toute l’histoire en cours. Cependant, en excluant ce fait, il faut admettre qu’il y a un excellent travail pour brouiller les pistes, mélanger les esprits, faire poireauter le lecteur… Ceci confirme une fois de plus que cette réécriture fonctionne à merveille, et parvient toujours et encore à surprendre.
De même pour la fin, qui, pour la grande majorité des gens, est connue dès le début. Il n’empêche qu’elle est très réussie, et qu’elle pète. L’auteur omet toute violence, reste très soft dans son vocabulaire. Pour certaines personnes, il va s’agir d’une bonne chose. De mon côté, ça m’a un peu chagrinée, car, si vous me connaissez, vous savez que j’aime le cru et que j’appelle un chat un chat. Lamaison ne se perd pas dans des grands discours pour achever son roman, et j’ai trouvé ça dément. Effectivement, ceci permettait à la chute de devenir un peu plus brutale, un peu plus pressante. Ça rendait très bien, et achevait le livre comme il avait commencé. Une réussite donc !
Le livre-objet est plutôt intéressant. Pour le titre, on ne peut pas dire que l’auteur se soit particulièrement foulé : C’est le même que Sophocle. Mais la couverture est bien plus recherchée ; La statue de pierre, cet homme de dos qui tente de se protéger, c’est tout à fait Oedipe. Forte en symboles, elle s’associe très bien avec ce qu’elle renferme.
Voilà donc une réécriture qui m’a séduite, et que je vous recommande très vivement. Que vous connaissiez ou non le mythe de base, je vous assure que vous passerez un agréable moment avec elle. Tous les bons ingrédients y sont rassemblés, ça se lit sans aucune difficulté, et c’est pour ça que ça fonctionne. Attention cependant à ne pas trop en attendre au niveau de l’aspect policier, vous risqueriez d’être déçu… Mais autrement, c’est à lire !
J’ai adoré ! |
Livre se trouvant dans ma propre bibliothèque.
J'ai étudié plusieurs fois des extraits d'Oedipe Roi sans jamais ne le lire, ta chronique me donne de plus en plus envie ! 🙂
La véritable version, celle de Sophocle, est très intéressante, mais moins facile et attrayante que celle-ci par exemple. Je te conseille donc cette réécriture !