Titre : Oedipe Roi
Auteur : Sophocle
Editions : Hachette
Année de parution : 2007
Pages : 190 pages
Prix : 2,90 €
Résumé :
Après cela, tu peux traîner
Créon dans la boue,
tu peux piétiner les oracles,
nul être au monde ne sera plus
atrocement brisé que toi !
Vers 426-428, Oedipe Roi
Mon opinion personnelle :
Après avoir lu La machine infernale de Cocteau, qui est une réécriture d’Oedipe Roi, je devais lire la version originale, toujours pour mon cours de Français. Moi qui avais râlé car je n’avais pas pu lire la première version avant la « nouvelle », ma frustration a enfin pu cesser. Alors, me direz-vous, verdict ?! Bon, bah sans trop de suspense, j’ai préféré Cocteau.
On retrouve bien entendu, à quelques tous pitits détails près, les mêmes personnages. Bien entendu, chez Sophocle, on est dans le classique très classique (???), et une distance est, selon moi, immédiatement créée. Oui, lire du théâtre, déjà, ça met automatiquement un froid, parce que des personnages de théâtre sont fait pour être joués. Mais en plus, ici, la hiérarchie des protagonistes les rendait encore plus imposants et donc encore moins chaleureux. Je ne vais pas m’amuser à vous refaire les portraits (WHAT ?) de tout le monde, ça serait me répéter et je n’aime pas ça. Si vous voulez vraiment savoir ce que j’ai pensé de chaque protagoniste, je vous invite à consulter ma chronique de La machine infernale !
Pour ce qui est du style, bon, on va être honnête, c’est pas spécialement mon délire. J’ai rien contre les classiques, mais là, c’était quand même un peu trop pompeux pour moi. Ca enlève, selon moi, beaucoup de naturel et d’authenticité. Certes, c’est très beau et mélodieux, m’enfin, y a des limites quand même. Après, je ne dis pas, c’est vrai qu’on sentait davantage l’émotion dans les répliques des personnages que chez Cocteau. C’est vrai aussi que c’était plus recherché, mais je persiste à dire que, de mon point de vue, trop de fioritures font perdre toute crédibilité à l’histoire pourtant si tragique.
Au moins, je sais maintenant pourquoi nous avons dû lire d’abord la version de Cocteau. Effectivement, dans cet ouvrage, on peut clairement dire que Sophocle s’est tapé un petit délire au niveau de la chronologie. Tout est pris à l’envers, ce qui peut-être relativement déroutant lorsqu’on ne connait pas vraiment bien l’histoire. C’est un parti pris qui m’a semblé un peu bringuebalant, car, à la lecture, il perdait un peu le lecteur. Je pense vraiment que lorsque la pièce est jouée, c’est très différent que lorsqu’elle est lue, et que, dans ce cas, c’était probablement plus clair. Néanmoins, il est évident que Sophocle ne fait pas ça par hasard. Il fait traîner en longueur certaines choses, en raccourcit d’autres… C’est une façon de faire plutôt originale, qui apporte à l’intrigue un petit cachet intéressant. De cette manière, le dramaturge illustre l’orgueil de l’Homme à travers Oedipe, son entêtement et son incapacité à comprendre. Enfin, non. Oedipe comprend, mais refuse de voir, c’est différent. Il parvient également à faire ainsi intervenir les dieux, qui se servent du temps pour imaginer le destin, faire jouer la fatalité. (Oui, j’ai un exposé à faire à ce propos.) Mais c’est vrai que tout ceci est bien plus compliqué à suivre qu’avec Cocteau, et, d’après moi, moins accrocheur. Mais après tout, une pièce est faite pour être jouée/vue, pas lue ! Je ne vais pas revenir sur tous les détails de l’intrigue, qui est quasiment la même que dans La machine infernale. Il y a juste le fantastique qui disparaît ici, malheureusement !
De même pour la fin, je n’ai pas grand chose à rajouter. J’ai en revanche trouvé que chez Sophocle, la chute était plus explicite que chez Cocteau. Et mon côté sadique a grandement apprécié les détails de cette issue bien mélo-dramatique. Certains petits détails ne sont pas dans cette première version, ce qui m’a un peu déçue, car ils faisaient partie de mes éléments préférés du récit. Enfin !
Niveau livre-objet, le titre ne me parle pas plus que ça. En effet, oui, c’est symbolique, mais c’est archi-basique, on ne peut pas dire que c’est recherché. Par contre, pour ce qui est de la couverture… Je suis fan, je la trouve simple, épurée, mais magnifique, le jeu de couleurs noir/blanc/rouge, l’écharpe rouge sur les yeux d’Oedipe… C’est bourré de symboles et c’est superbe, j’adore !
Vous l’aurez compris, cette première version m’a bientôt bien plu, mais tout de même moins que sa réécriture. Comme d’habitude avec moi, le too-much du classique a eu raison de moi. Pitié les mecs, allégez ! Non, sérieux, y a pire. Mais y a aussi mieux ! Si vous souhaitez découvrir l’histoire d’Oedipe sans trop vous prendre la tête, privilégiez La machine infernale. Mais si vous êtes courageux, cette version est pour vous !
![]() |
J’ai bien aimé ! |
Livre se trouvant dans ma propre bibliothèque.
Je trouve au contraire qu'il y a beaucoup moins de fioritures dans la version de Sophocle. Les phrases de Cocteau sont complexes, longues, le récit est vraiment enjolivé !Je trouve que Sophocle se cantonne assez au récit et n'est pas dans l'excès ou dans le pathos comme Cocteau.
C'est sur que la pièce de Sophocle est "classique", mais je trouve que c'est un peu dommage de résumer l'histoire et le style de Sophocle à ce mot : "classique" ou "trop classique", tout de suite c'est assez repoussant, et j'ai l'impression que ça pose un peu des barrières : ça empêche d'apprécier vraiment la pièce pour ce qu'elle est, car l'histoire est intemporelle et Sophocle réussit vraiment à transmettre une émotion simple et vraie à travers sa pièce, presque "pure".
Mais bon je comprends parfaitement que la pièce de Cocteau plaise plus aux lycéens qu'à celle de Sophocle, elle est plus moderne, plus originale, peut-être un peu plus dynamique du fait que les événements se déroulent de manière chronologique. J'aurais adoré qu'on me fasse lire Cocteau quand j'étais en première.
Quand au délire que s'est tapé Sophocle avec la chronologie, je comprends plutôt par là qu'il s'est mis à la place d'OEdipe : tout va bien jusqu'au jour où plus rien ne va et où il est contrait de fouiller dans son passé pour comprendre la situation dans laquelle il est.
C'est sympa d'avoir ton avis en tout cas ! Bises.
Je n'ai pas lu la version de Cocteau, juste celle-là et j'ai trouvé qu'antigone était pire, j'ai eu moins de mal à lire cette histoire-là ^^
Je trouve l'histoire d'oeudipe passionnante (bon un peu horrible aussi) mais bon ça doit être très intéressant à lire !
Oh je l'ai lu il y a longtemps maintenant, j'en garde un excellent souvenir mais pas grand-chose de plus, tu me donnes envie de les relire avec La machine infernale ! 🙂