Titre : Refuges
Auteure : Annelise Heurtier
Editions : Casterman
Année de parution : 2015
Pages : 230 pages
Prix : 12 €
Résumé :
Mila, une jeune Italienne, revient sur l’île paradisiaque de son enfance, espérant y dissiper le mal-être qui l’assaille depuis un drame familial. Très vite, d’autres voix se mêlent à la sienne. Huit voix venues de l’autre côté de la Méditerranée qui crient leur détresse, leur rage et la force de leurs espérances. Un roman envoûtant qui, depuis la lointaine Erythrée jusqu’à Lampedusa, invite à comprendre et à garder les yeux grands ouverts.
Mon opinion personnelle :
Je commence par remercier les éditions Casterman pour cet excellent envoi !
Avant de recevoir un mail des éditions Casterman, je n’avais jamais entendu parler de cet ouvrage. Son auteure, oui, mais c’était tout. Ma curiosité a été piquée au vif, et j’ai eu raison d’être intriguée, car j’ai passé avec lui un très agréable moment.
Les personnages ont su me surprendre. La narratrice, la jeune Mila, m’a énormément plu. Il s’agit d’une adolescente simple, un peu perdue, qui tente tant bien que mal de dissimuler des blessures du passé. J’ai aimé sa fragilité, mais aussi sa volonté de remonter la pente pour elle, pour ses proches. Dans un autre genre, on s’attache aussi beaucoup à ses parents, couple brisé qui tente de se reconstruire, ou encore à son amie Paola, aventureuse au grand cœur. Mais le plus impressionnant dans ce roman, ce sont sans doute les nombreuses voix d’émigrants clandestins, qui narrent, l’une après l’autre, les terribles épreuves qu’ils traversent. Hommes, femmes, ils sont jeunes, et animés par une flamme de l’espoir impressionnante. Leur histoire est troublante, et pose question. Ils vivent des choses inhumaines, et sont là pour en témoigner. C’est magnifique, mais c’est abominable.
J’ai trouvé le style de l’auteure très bon. Il est sans chichi, mais efficace. Très rapidement, il donne envie de s’intéresser à l’histoire, puis devient tellement passionnant qu’addictif. De plus, il est vraiment accessible, facile à lire : Ca se lit tout seul. Et je dois saluer un formidable travail fait pour parvenir à se glisser dans tant de peaux. Il y a, certes, celle de Mila qui revient souvent, mais il y a également la petite dizaine d’émigrés. Et, au travers des mots, la personnalité de chacun est palpable. La façon de parler, de penser, d’agir, tout change en fonction de la voix, chacun possède une identité qui lui est propre. Et c’est plutôt rare de voir une si belle diversité quand on a autant de personnages d’un coup, alors, chapeau bas. L’émotion est là, le talent aussi.
L’intrigue est assez singulière, mais haute en couleurs. Je crois que pour bien vous en parler, je vais devoir la diviser en deux parties, en accord avec les divers points de vue adoptés dans la narration alternée. En premier lieu, nous avons donc les parties racontées par Mila, Romaine en vacances sur une île italienne. Ces passages sont intéressants, même s’ils appartiennent davantage au genre de la distraction. Grâce à notre héroïne, nous avons l’occasion de découvrir les magnifiques paysages insulaires. Les descriptions sont d’ailleurs très bien travaillées, et donnent envie ! Elle a besoin d’oublier certaines choses, de s’occuper l’esprit. L’amitié qu’elle noue petit à petit avec Paola est fascinante, car elle ne ressemble en aucun point aux amitiés très clichés qu’on trouve habituellement en littérature jeunesse. Le lecteur dans la vie de Mila un peu comme Paola : Innocemment, sans avoir idée de tout ce qu’il s’apprête à découvrir. Et j’ai aimé ces révélations effectuées au compte goutte, de manière à captiver tout en faisant perdurer le suspense. C’est également l’occasion d’installer une atmosphère lourde dans le récit, lourde comme la chaleur de l’été italien, lourde comme la peine de la famille de Mila. Alors, oui, une lourde peine, une douleur sourde qui bat sans relâche leurs cœurs. Mais qui semble presque dérisoire face aux passages décrits par les Érythréens. Car tout au long du récit, il y a un contraste flagrant entre les deux situations. On commence par plaindre Mila, et puis, presque irrémédiablement, notre compassion glisse pour ces jeunes malheureux. Parlons-en, justement, de ces autres narrateurs. J’avoue que les premières fois, le changement est tellement brutal qu’il en devient déroutant. Surtout qu’on a le sentiment de ne jamais réentendre parler de l’émigré que nous venons juste de laisser. J’avoue, je suis très mal l’actualité. J’ai eu l’occasion de travailler en cours d’Anglais sur l’immigration clandestine, mais j’étais très loin d’imaginer la cinglante réalité. Avec cet ouvrage, tout est devenu plus clair. C’est loin d’être un ouvrage facile, car les vies de ces jeunes en quête d’espoir sont dramatiques, abominables. Chaque personnage a une situation bien particulière, différente de celle qui suit. A chaque nouveau chapitre, je me décomposais un peu plus. J’ai honte, à présent, de ne pas avoir pris conscience avant de toutes les horreurs endurées. J’avais connaissance de certaines choses, mais j’étais très loin de tout connaître, et ce n’est malheureusement toujours pas le cas. Comme une bouteille à la mer, ce bouquin met en lumière ce qu’on ne dit pas, ; il crie sa rage, il crie sa vérité. C’est donc une belle gifle qu’on se prend, mais elle est nécessaire, pour nous réveiller, nous, Européens planqués dans notre belle société d’égoïstes.
Jusqu’au bout, j’ai cependant cherché le rapport entre toutes ces histoires, entre tous ces SOS lancés à l’Europe. Puis, il est enfin arrivé. Très très tard dans le roman, mais il est quand même éclairé. Je ne saurais trop vous dire si je m’y attendais ou non, je n’y avais pas vraiment réfléchi. La façon dont les choses sont mises en lien est assez particulière, notamment dans la forme d’écriture. Mais cela m’a bien plu. Il s’agit d’une fin assez ouverte, qui délivre un ultime message, empli de courage, de vie, et d’espoir. La chute est tournée de manière à marquer encore plus le lecteur, et je peux vous assurer que cela fonctionne. Sans trop en dire, l’ensemble de l’ouvrage nous scandalise, et cela se poursuit jusque dans les toutes dernières lignes. Et on ne peut que remercier l’auteure de nous ouvrir ainsi les yeux, c’est tout à son honneur…
La couverture me plaît beaucoup. Sa simplicité et ses couleurs vives correspondent bien au texte. Elle attire l’œil, sans pour autant être trop tape-à-l’œil. Le titre est lui aussi très succinct, mais lourd de sens, et reflète parfaitement les histoires qu’il renferme. Les deux ensemble, c’est le combo parfait pour représenter un texte si poignant.
Voilà, à présent, vous n’avez plus qu’à vous procurer expressément un exemplaire de cette histoire magnifique. Plus qu’un livre, il s’agit là d’un brillant message de sensibilisation, qui fera, je l’espère, écho dans nos vies. Le plus terrible, c’est que, quelque part, quand on y réfléchit, ce genre d’ouvrages qui dénoncent ne devrait pas exister. Il ne devrait pas y avoir d’horreurs à dénoncer. A méditer. Mais en attendant, elles existent, et notre devoir à nous, citoyens, c’est d’y faire face, et de les contrer. En commençant par se lire cet ouvrage pour se renseigner, par exemple…
J’ai adoré ! |
Livre se trouvant dans ma propre bibliothèque.
Livre reçu grâce aux éditions Casterman. Merci à eux !
J'ai très envie de le lire ! *O*
Alors n'hésite pas ! 🙂
Tu me donnes vraiment envie de le découvrir 😀
J'en suis ravie, car il en vaut vraiment le détour !
Eh bien ! Il me tente encore plus maintenant !
Alors fonce, je suis sûre qu'il te plairait ! 😀
Très belle chronique qui donne envie de découvrir cette lecture *-* =)
Merci beaucoup, n'hésite pas à le lire d'ailleurs ! 🙂
Je ne connaissais pas mais maintenant, il me donne vraiment envie ! Merci pour ta chronique qui est d'ailleurs très bien écrite !
Merci à toi pour tes gentils mots ! N'hésite pas à lire Refuges du coup !
Merci pour la découverte ^^ Il me fait très envie maintenant !
Mais de rien, j'espère que tu auras l'occasion de le lire !