Titre : Le Je de trop
Auteur : François Belley
Editions : L’écriveur
Année de parution : 2016
Pages : 176 pages
Prix : 15€
Résumé :
11 septembre 2022.
Pour la première fois en France, un internaute se voit infliger une peine d’un an ferme sans Internet. Plongé jusqu’alors dans la grandeur du monde facile de l’accès – de l’accès au temps, de l’accès à l’information, de l’accès à la connaissance, de l’accès à l’autre, de l’accès à un « Moi » devenu roi -, Larry Jonnes se voit frappé du choc de la déconnexion. Loin du Cloud et des réseaux sociaux, ce game designer dans l’industrie du jeu vidéo découvre l’horreur d’une vie devenue impossible sans son « @ ».
Mon opinion personnelle :
Je commence par remercier François Belley pour l’envoi de cet ouvrage incroyable !
Les premières choses à m’avoir tapé dans l’oeil avec ce livre furent la couverture et le résumé. Ce dernier m’intriguait ; il proposait quelque chose de totalement original, mais de totalement parlant. J’étais donc très curieuse de découvrir cet univers, et de voir de quelle manière l’auteur avait pu tourner cette excellente idée. Et je peux vous assurer que je n’ai pas été déçue du voyage…
Le travail effectué autour des personnages est excellent, frappant de réalisme. Le narrateur, Larry, est un homme que nous pourrions toutes et tous être. Il a ses défauts, ses qualités ; il n’est pas embelli pour en faire un héros de fiction. Il est tout ce qu’il y a de plus humain, afin de permettre au lecteur une véritable identification. Ce personnage évolue énormément tout au long de la lecture, nous révélant de nouvelles facettes de sa personnalité, toujours plus proches de la réalité. Les personnages secondaires sont eux aussi de réelles réussites, principalement pour les mêmes raisons que le protagoniste. Néanmoins, contrairement à la grande majorité des livres, ils sont, à mon sens, très, très secondaires, à l’exception peut-être de la mère du narrateur. Problème ? Pas du tout. Au contraire, j’ai apprécié le fait de pouvoir me concentrer sur le personnage principal, pour mieux le cerner, mieux percevoir ses changements. Sans pour autant avoir des secondaires totalement bâclés. Bref, j’y ai trouvé de l’originalité, et ça m’a beaucoup plu.
J’ai été très, très impressionnée par l’écriture de l’auteur, grâce à plusieurs points. Sa fluidité d’abord, qui permet une lecture qui accroche directement l’intérêt du lecteur, pour ne plus jamais le lâcher. Ensuite, sa richesse. Le style est là, usant des bonnes figures de style au bon moment, donnant au récit un aspect littéraire juste comme il faut, rythmant le texte de manière à le rendre vivant. Mais surtout, ce qui m’a le plus frappée dans cet ouvrage, c’est la facilité avec laquelle l’auteur parvient à saisir son lecteur. Il écrit, l’air de rien, je dirais presque, en toute simplicité, et pourtant, il vous chavire. J’y reviendrai plus bas, mais retenez déjà qu’avec son livre, l’auteur vous colle une vraie claque. Et ça, c’est ce que j’appelle le talent. Tout simplement.
A présent, l’intrigue. Alors là, j’ai tellement de choses à vous dire ! Je déborde d’enthousiasme pour cette histoire, vraiment. En premier lieu, j’ai été séduite par l’aspect atypique de ce livre. Vous allez me dire, un roman qui se passe dans le futur, ça n’a rien de singulier. Et pourtant ! Bien au contraire, je crois que c’est LE roman futuriste le plus original que j’aie jamais lu. Car c’est, pour moi, le plus probable. L’auteur nous propose un avenir relativement proche, et surtout, loin d’être démesuré. Ce dont il vous parle, cela a de fortes chances de nous arriver un jour. Je me suis sentie extrêmement concernée par cette lecture. Ce bouquin, qui dénonce la place que le virtuel a pris dans nos vies, m’a fait un effet terrible. Parce que parfois, souvent, trop souvent, je me reconnaissais entre les lignes. Les réseaux sociaux, le Web général, sont devenus des acteurs prépondérants de nos vies. Et ce roman vous permet d’en prendre conscience. Mais attention ! Sans jamais adopter un ton moralisateur. Ce que j’ai sincèrement apprécié. On pose un constat devant le lecteur, et après, ce dernier en fait ce qu’il veut. Libre à lui d’être électrocuté ou non par ce qu’il découvre. En ce qui me concerne, j’étais, de temps en temps, mal à l’aise. Tout bêtement parce que je me sentais visée, coupable. Et cette culpabilité est loin d’être dérangeante à la lecture, au contraire. Sans jamais vous accuser, ce récit vous assène un coup aussi délicieux que monumental. Progressivement, on assiste à la descente aux enfers du personnage principal, comprenant ainsi la dépendance dont il est, dont nous sommes victimes. C’est glaçant de réalisme. Certaines phrases sont encore plus percutantes que d’autres, et vous les relisez plusieurs fois, la gorge nouée, pour être bien sûr que oui, vous avez l’impression de vous voir entre les lignes. J’ai adoré être ainsi bousculée. Il s’agit plus ici d’un ouvrage de réflexion qu’un ouvrage d’action, même si, bien entendu, il y a juste assez de péripéties pour ne pas rendre la trame totalement plate ou cérébrale. Une des critiques qui pourraient facilement être faites à cet ouvrage serait de dire qu’il caricature beaucoup trop. Je ne suis pas d’accord. Oui, évidemment, il y a un peu de caricature. Mais pas tant que ça. Dire que tout n’est que traits grossis serait de la mauvaise foi. Et surtout, je ne serais pas étonnée que d’ici quelques années, cette mince caricature soit devenue une réalité. Ce livre vous met en garde, et le fait avec les moyens qui sont les siens, à savoir les mots. Jouer sur les mots est un art dont il se sert très bien, pour mieux servir son analyse de la société numérique que nous sommes en train de devenir. Il y a un travail époustouflant autour de la psychologie du personnage, de sa presque folie, en fait. C’est absolument saisissant.
La chute est tout à fait à la hauteur du reste du récit. Il faut être concentré pour la comprendre, mais avec un tel début d’ouvrage, vous ne pouvez qu’être absolument hypnotisé par votre lecture. Je n’ai pas trop envie de vous en dire, afin de ménager le suspense à propos du fin de mot de l’histoire. Mais je peux au moins vous dire que vous aurez l’impression de voir votre esprit fou se court-circuiter. D’une certaine manière, vous ne faites plus qu’un avec le livre. Vous faites ce que vous voulez avec le message délivré. Mais ce que je peux vous garantir, c’est que, peu importe si vous décidez d’en tenir compte ou non : Quel que soit votre choix, cette fin vous hantera ; elle restera dans un coin de votre tête. Ce bouquin est de ceux que vous ne pouvez pas oublier, car ils changent quelque chose en vous, ils touchent à votre vision du monde. Personnellement, je ne m’en suis toujours pas remise, et j’y repense encore souvent. (Alors que ma lecture commence à dater, shame on me) C’est un ouvrage mémorable, et je pèse mes mots.
Je vous l’ai déjà dit, j’adore la couverture. Elle est très classique, sans fioriture, et pourtant, idéale pour représenter l’ouvrage qu’elle renferme. Ses couleurs neutres, son côté brouillon et manuscrit, tout me plait, même le format du livre-objet. Le titre est également très bien trouvé, parfait pour ce récit, fortement symbolique, intelligent, bref, tout me va dans cet ouvrage.
S’il y a bien une chose à retenir de cette chronique, c’est que vous vous devez de lire ce roman hors du commun. Le message qu’il véhicule doit être entendu par tous. Le talent de François Belley m’a charmée, et est totalement au service de l’histoire. Je suis épatée, et ne peux que vous recommander ce livre, qui fait partie de ceux qui mériteraient d’être davantage connus. Ne passez pas à côté, laissez-vous, vous aussi, être un peu bousculé…
Livre se trouvant dans ma propre bibliothèque.
Livre reçu grâce à François Belley. Merci à lui !
C'est seulement la deuxième chronique que je lis sur ce roman, mais je dois dire que ma curiosité a été éveillée. Il a l'air vraiment pas mal..
C'est un OVNI littéraire à côté duquel il ne faut pas passer, le message est percutant !
J'ai lu la fin de ta chronique en travers pour ne pas être spoiler au cas où, mais une chose est sûre: ce livre rentre dans ma PAL 🙂
J'approuve totalement cette décision !! 🙂
Tu donnes terriblement envie 😀
Le fait qu'il parle d'internet doit effectivement donné un effet de culpabibilité, sachant que j'y passe beaucoup de temps ! Merci pour la découverte 🙂
C'est exactement ça, mais c'est un sentiment de culpabilité vraiment pertinent et délicieux ! J'espère que tu auras l'occasion de le lire 🙂
J'en ai un peu entendu parler, et il me tente assez. De toute façon, c'est le genre de thématique de "société" que j'aime bien retrouver à l'occasion dans mes lectures.
Il ne faut pas hésiter, c'est une très belle claque littéraire, surtout si tu aimes ce genre de romans !