Titre : Dans le désordre
Auteure : Marion Brunet
Editions : Sarbacane (Exprim’)
Année de parution : 2016
Pages : 251 pages
Prix : 15,50 €
Résumé :
Ils sont sept. Sept qui se rencontrent en manif, dans la révolte, dans le désordre, refusant la vie qu’on leur impose. Ils décident de vivre ensemble, en squat et en meute.
Et au cœur de la meute, il y a Jeanne et Basile, qui découvrent l’amour, celui qui brûle et transporte.
Mon opinion personnelle :
Je commence par remercier Roxanne et les éditions Sarbacane pour cet envoi !
Marion Brunet est une auteure que j’adore, et j’étais donc plus qu’impatiente de découvrir son nouveau trésor, surtout après la belle présentation qu’elle nous avait offerte lors du SLPJ 2015. Avec tous les avis élogieux qui fleurissent sur la toile, je m’attendais à un réel coup de coeur. Mais, que s’est-il VRAIMENT passé avec ce roman ?
Pour les personnages, je suis un peu partagée. (Et vous comprendrez vite que le terme « partagée » semble avoir été mon leitmotiv pour cette lecture) Il y en avait beaucoup, trop, pour moi. Je me perdais assez facilement, et cela m’a empêchée de m’attacher vraiment à eux, de les cerner. Néanmoins, j’ai au moins réussi à comprendre Jeanne et Basile. La première est sympathique, intéressante. Elle se révèle tout au long du roman, et nous offre une belle progression. Toutefois, je crois que cela se sent dans ma phrase… Je ne peux pas dire l’avoir adorée. En revanche, la relation qu’elle a avec Basile la rend toute autre. Seule, elle me laissait plutôt indifférente, mais dans le duo qu’ils forment, ça fonctionne beaucoup mieux. J’ai d’ailleurs eu un peu plus d’atomes crochus avec le jeune homme. Il est l’audace, il est la détermination, il est l’attention. Lui aussi, évolue beaucoup tout au long du livre. On le sent tellement… Vivant. Quant aux autres personnages, comme Marc, Alison, ou encore Jules et Lucie… Ils sont débordants de sympathie et de personnalité, c’est certain. Mais à ma grande déception, je n’ai pas réussir à établir un feeling avec eux.
L’écriture de Marion est égale à elle-même : Puissante et délicate, tellement vraie, tellement cinglante. Plusieurs fois, face à des phrases, des réflexions, je me suis dit « Mais merde, c’est tellement beau, tellement réel. » Chaque mot est à déguster, il n’y a rien de trop, seulement une terrible authenticité qui vous prend aux tripes. C’est ce qui me plaît chez Marion, c’est qu’elle n’a pas besoin d’en faire des tonnes pour vous coller une claque monumentale et mémorable. La vérité qu’elle, au moins, ose vous mettre sous le nez, suffirait à la rendre brillante. Mais comme, en plus, elle vous fait ça avec un talent phénoménal, vous n’avez plus qu’à vous incliner bien, bien bas. (Plus bas s’il vous plaît, merci.)
Il faut que je vous parle de l’intrigue. Là, de même que pour les personnages, je suis divisée. Commençons par le négatif. Je pense, en toute sincérité, que ça vient de moi, de la période à laquelle j’ai lu l’ouvrage. Mais. Souvent. Je me suis ennuyée. Voilà, c’est dit. (En fait, vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point c’est une torture pour moi d’admettre ça. J’aime tellement le travail de Marion Brunet, j’attendais tellement de choses de ce livre, et je me sens tellement mal et désolée d’avoir eu du mal à accrocher) (C’est pour ça que je repousse sans cesse l’écriture de cette chronique) (Ce que je suis encore actuellement en train de faire, notez-le) (BON, BREF) Je n’attendais pas de l’action à gogo. Cela n’a donc pas pu me décevoir. Je m’attendais à réfléchir, à sentir la réalité étouffer lentement ma gorge de ses doigts agiles. C’est ce que j’ai eu. Mais, parfois, notamment, je l’ai remarqué, lorsque les projecteurs étaient braqués sur des personnages « secondaires », j’avais du mal à suivre, et moins l’envie de les suivre. Je pensais à Jeanne et Basile, et j’avais envie de les retrouver. J’ai eu du mal à m’intéresser à ce qui les entourait. C’est vraiment dommage, car je pense être passée à côté de très belles choses. Je crois que ma lecture aurait été différente, si les passages à propos de chaque personnage avaient été proportionnés autrement. Il y avait tellement de choses qui se passaient dans la tête de ces deux jeunes, et dans leur univers à eux, que le reste m’a semblé… Vide. La relation du jeune couple est fracassante, pleine de bon sens, d’optimisme, de fraîcheur, de simplicité. Elle domine tout. C’est pour cela qu’à mon sens, si la présence des autres membres du squat était nécessaire, elle aurait pu être moins imposante. A part ça, il y a vraiment du high level. L’idée de mettre en avant les manifestations m’a beaucoup plu, car je n’ai pas souvent eu l’occasion de les découvrir dans la littérature. Ce côté un peu rebelle, revendicateur, anti-conformiste, m’a vraiment plu. Au diable les histoires d’amour bien sages, les histoires d’amitié banales. Ici, on mord la vie à pleines dents, on avance, on se fout d’une société qu’on ne comprend plus. J’adore. Certes, il y a des passages qui ne parvenaient pas à m’entraîner. Mais quand les autres y parvenaient… On se laisse totalement emporter, et on passe par mille et unes émotions. Et puis, l’auteure a des références au top du top. Pour une fois que je vois mon roman préféré, On achève bien les chevaux, cité quelque part. Cela m’a fait sourire niaisement. En fait, c’est vraiment frustrant, de tant aimer certains passages, et de rester de marbre face à d’autres.
Dois-je vous parler de la fin ? Pas trop, mais un peu quand même. Est-ce-que je m’attendais à ça ? Non. Est-ce-que j’ai aimé ? Non. J’ai surkiffé. Oui, rien que ça. C’est explosif. C’est plus qu’une gifle. C’est l’apothéose du roman. C’est bouleversant. C’est un poids, que vous sentez, littéralement, vous rentrer dedans. C’est tellement bien pensé, tellement sensé. Je n’en revenais pas, mais avec du recul… On ne pouvait rêver meilleure fin, plus logique, plus pertinente. Ceux qui l’ont lue vont peut-être me prendre pour une cinglée, mais je vous assure. Cette chute vous donne envie de vous battre, elle véhicule tant d’espoir, tant de détermination, tant de force. Et surtout, elle vous marque. Impossible de vous la sortir de la tête, les images défilent en boucle dans votre esprit, vous restez hanté par ce qu’il advient. Il y a aussi beaucoup de finesse, de poésie. Elle démultiplie toutes les émotions de ce livre, tous les messages qu’il délivre. Je vous assure que les mots de la fin font partie de ceux qui vous changent.
Le titre correspond totalement au roman. On ne pouvait trouver plus symbolique. J’aime aussi beaucoup la couverture, véritable cri de colère illustré, avec des couleurs qui frappent. En réalité, le livre-objet résume à lui-seul tout l’état d’esprit du bouquin. Il vous fait tout comprendre avant même de l’avoir lu. (Ou presque)
Pour conclure, il me faut avouer qu’il y a eu, entre ce récit et moi, un loupé. Qui m’embête beaucoup. Cependant, il y a eu aussi de magnifiques moments, grâce à un style unique, à une histoire d’amour qui déchire, à une fin magistrale. Je suis partagée, donc. Néanmoins, je vous recommande, sans hésiter, cette lecture. Ce n’est pas dans mon habitude de le faire, mais sincèrement, on ne peut pas passer à côté d’un tel message, et de passages si incroyables. Et il me semble que ce loupé est plus une affaire personnelle. Alors, ne vous arrêtez pas à mon avis. Ecoutez votre instinct, et lisez. Vous y trouverez toujours quelque chose d’exceptionnel. Toujours. Car on parle quand même d’un Marion Brunet. A lire !
J’ai été déçue… |
Livre se trouvant dans ma propre bibliothèque.
Livre reçu grâce aux éditions Sarbacane. Merci à eux !
Je comprends pourquoi tu as du mal à écrire cette chronique. En ce moment même, j'ai mis en pause Dysfonctionnelle car je n'arrive pas à accrocher. Tous les éléments pour un bon livre sont là, mais je n'arrive pas. Je suis perdue, la narration me laisse perplexe, et je me sens totalement en dehors de ce qu'il se passe.
Bref, ta chronique est intéressante, car sincère. Ca fait du bien d'entendre un autre son de cloche, on a besoin de ça. Et enfin, le ton que tu utilises est juste.
PS : Tu m'as fait découvrir un roman '' On achève bien les chevaux'', je viens de lire le synopsis et ça m'intéresse beaucoup beaucoup beaucoup ! Direct dans la WL !
Dysfonctionnelle est un roman particulier, avec son style bien à lui. Personnellement, ça l'a fait du tonnerre et plus encore, mais je peux comprendre que tu aies du mal. J'espère que tu l'apprécieras plus tard, car il véhicule quelque chose de très, très fort.
Je suis contente que tu apprécies ma chronique, j'avais peur des réactions, mais je ne voulais pas mentir en disant que j'étais à 100% conquise.
Aaaah, quelle pépite "On achève bien les chevaux" ! Je te le recommande très vivement, tu l'as compris, je le trouve merveilleux ! J'espère que tu auras l'occasion de le lire ! 🙂
Je crois que tu es la première à faire une critique plus nuancée de ce livre (je ne veux pas dire négative, elle ne l'est pas complètement) et ça me rassure car je n'ai pas non plus été touchée par ce roman. Alors que moi aussi j'adore Marion Brunet, son écriture. Je ne sais pas si c'est à cause de la période où je l'ai lu, si c'est générationnel ou quoi, mais le roman ne m'a simplement pas touchée. Je ne me suis pas non plus attachée aux personnages, je les ai trouvé un peu stéréotypés, en fait. Et si j'aimais bien l'idée de parler des manifestations ou même cette fin effectivement puissante, ben je suis ressortie de la lecture sans plus de réaction, à part la déception, oui… Merci de me dire à travers cette chronique que je ne suis plus seule. ^^
J'ai essayé de chercher un peu sur le Web, et n'ai effectivement pas trouvé de chronique comme la mienne. Je vois donc que nous partageons le même avis, même si j'ai l'impression que tu as été encore plus déçue que moi. Mais au moins, nous sommes moins seules ! J'espère, et pense sincèrement, que le prochain ouvrage de Marion Brunet rattrapera ce petit raté ! 🙂
Je dois dire que ce roman donne vraiment envie!
Bravo pour ta chronique, elle est parfaite!
Il est très intéressant, et peut s'avérer poignant. Je te conseille de t'attarder sur son sort !
Et merci beaucoup, pour ma chronique, ça me rassure de voir qu'on ne me jette pas de pierres ! 😉
Je suis intriguée par l'auteure mais ce n'est pas celui-ci qui me tente le plus. J'ai envie de lire Frangine, plutôt 😉
Frangine est sublime, exceptionnelle, incroyable, pétillant, fantastique… Bref, je te le recommande à 10 000% ! 🙂
Je trouve que pour quelqu'un qui a eu du mal à écrire la chronique, tu décris quand même très bien ce que tu as ressenti durant ta lecture! 🙂
Merci, je t'avoue que ça me touche beaucoup, et me rassure de voir que je suis intelligible !
Je comprend totalement ton ressenti même si, personnellement, ce qui m'a davantage bloqué avec ce roman c'est le message que l'auteure a véhiculé.
Ah oui ? Dans quel sens ?!
Salut !! Alors, je vient de découvrir ton blog (alors que je te suis déjà sur twitter depuis un petit moment … oui je sais c'est pas logique -_-) Mais voilà, je trouve que ton travail est absolument bluffant et tes chroniques,tellement complètes !! Donc, tout ça pour te dire, que tu as une nouvelle admiratrice en ma personne !! 🙂
Merci Cassandra, ça me fait super plaisir ! Je suis (et apprécie) tes vidéos depuis un petit moment, et savoir que tu aimes mon blog me touche beaucoup !
A bientôt ! 🙂