Titre : Lily
Auteure : Cécile Roumiguière
Editions : La Joie de Lire
Année de parution : 2015
Pages : 201 pages
Prix : 14,50 €
Résumé :
Paris, 1961. Lily a seize ans. Pas de soirée juke-box ni de rock’n roll, le concours d’admission dans les ballets de l’Opéra est tout proche. Depuis des années, elle travaille pour vivre son rêve : Devenir ballerine. Son frère Michel, qu’elle aime plus que tout, est parti faire la guerre en Algérie. Sans nouvelles de lui, plus rien n’a de sens dans la vie de Lily, pas même la danse.
Mon opinion personnelle :
Je commence par remercier la Masse Critique Babelio et les éditions La Joie de Lire pour cet envoi !
Les deux grands thèmes de cet ouvrage m’ont de suite tapé dans l’oeil : La danse, et la Guerre d’Algérie. (Quand je vous dis que je suis poursuivie par mon programme d’Histoire…) J’ai donc été ravie d’avoir l’occasion de découvrir ce petit livre, qui, cependant, m’a quelque peu déçue.
Globalement, j’ai plutôt bien apprécié les personnages, même si certains, selon moi, n’avaient pas la place dans cet ouvrage. Je vais donc uniquement me focaliser sur l’essentiel, et reviendrai sur les autres plus tard. Lily, jeune ballerine talentueuse, est le personnage avec lequel j’ai le plus accroché. Je me suis pas mal retrouvée en elle, sa détermination, sa différence avec les autres jeunes de son âge, ses révélations. Parfois immature, elle dégage cependant un certain charme plein de fougue. Son frère Michel est également un personnage très intéressant. Plus bourru, on apprend à le découvrir sous divers aspects, entre réalité et idéalisation de sa jeune sœur. Il évolue énormément au fil du livre, ce qui est très pertinent. J’ai eu un petit peu plus de mal avec Nicky, la meilleure amie de Lily. Très dégourdie et irréfléchie, elle ralentit pourtant beaucoup le rythme, ce qui devenait, par moments, très agaçant.
En ce qui concerne le style, il y a très clairement du bon, et du moins bon. Bon, d’abord, il faut admettre que l’écriture était accessible, captivante, et fluide, ce qui est tout de même un très gros bon point. J’ai également apprécié le réalisme de l’histoire de Lily, sa justesse. En revanche, pourquoi avoir choisi une triple narration ? Avec autant de divergences ? Je n’ai vraiment pas compris ce choix, qui pour moi n’est judicieux, et perd simplement le lecteur. De plus, les parties narrées au XXIème siècle sont très désagréables, tout simplement parce qu’elles sont bourrées de stéréotypes, qu’elles font très artificiels, et rebutent totalement un jeune lecteur, qui n’a absolument pas l’impression de lire quelque chose de sérieux. Tout cela est très dommage, car ces éléments, en plus de rien apporter, gâchent réellement les meilleurs atouts de ce bouquin.
L’intrigue est donc elle aussi faite d’excellentes choses, et de choses plutôt médiocres. Les sujets abordés sont très pertinents, et m’ont beaucoup plu. Ce ne sont pas des thèmes souvent abordés en littérature, surtout jeunesse, ce changement d’horizon est donc très profitable. Le fond historique est riche, bien renseigné, il concorde parfaitement avec ce qu’on peut trouver dans les manuels scolaires. (Oui, j’ai comparé) Mais il y a, en plus de ces informations très scolaires, un véritable plus. En effet, le lecteur a l’occasion de découvrir, à travers de le regard des personnages, toute l’incompréhension de cette guerre, de ces « événements », comme on disait à l’époque. Les non-dits, les faux-semblants, la façon dont les Français sont tiraillés… L’innocence de Lily permet de se rendre compte, de façon concrète, de la complexité de ce conflit. Comme elle, on apprend, à travers les pages, à cerner le double-visage de cette guerre. J’ai trouvé toute cette partie du récit vraiment très instructive, et plaisante. J’ai également beaucoup aimé… (Non, je sais très bien que ce vous attendez vraiment, c’est ce qui ne va pas, et que je râle. Alors, râlons !) Bon, clairement, ce livre aurait été (presque) parfait s’il n y avait pas eu cette fameuse narration venue tout droit des années 2000, et cette narration venue d’un ouvrier voyeur. En toute sincérité, cela n’apportait strictement rien au roman, si ce n’est une perte de crédibilité, car il en devenait trop romancé. Je n’explique toujours pas ce choix, qui coupait trop souvent le lecteur dans son élan. Si encore il y avait eu une belle preuve de recul sur l’Histoire, une explication de la nuance événements/guerre… Mais non ! Quant à la pseudo-romance mise en place, elle ne tient pas debout, et fait d’un sujet sérieux une sorte de parodie loin d’être intéressante. Je me retenais à chaque fois de passer outre ces narrations diverses et variées. A part ça, je n’ai vraiment pas grand chose à reprocher à cet ouvrage plein de bon sens. Il nous donne également un aperçu sur le terrorisme, et notamment sur les attentats de l’OAS, ce qui, encore une fois, est très pertinent. Ce livre est également une très belle représentation de la remise en question à l’adolescence, bref, il a initialement tout pour plaire. Et puis, il faut admettre que tout le combat mené par Lily pour sauver son grand frère est très touchant. On se sent véritablement investi dans son aventure, on suit assidûment chaque détail, on est étonné par ses stratagèmes, attendri par ses sacrifices, effrayé par ses prises de risques. Jusqu’au bout, le lecteur n’a l’impression de faire plus qu’un avec la jeune protagoniste. Et ça, c’est un coup de maître de la part de l’auteure, qu’il faut saluer.
La fin est elle aussi très bien orchestrée. Sans être trop happy end, elle transmet un véritable message d’espoir, de force. On ne s’y attend pas vraiment, elle est donc une belle surprise, mais pleine de mélancolie. La petite touche poétique ajoutée par l’auteure m’a beaucoup plu, elle adoucissait à merveille ce livre qui, à la base, est loin d’être gai. Néanmoins, quelque chose m’a (tout de même) un tout petit peu déçue : J’aurais beaucoup aimé en savoir davantage sur la vie de Lily après le bouquin. C’est un peu frustrant de lire des gens du XXIème siècle parler d’elle, sans avoir de véritables informations sur son évolution. Pour une fois que cette narration futile aurait pu servir à quelque chose… (OK, j’arrête, j’arrête) Ce n’est pas un drame, mais ça m’a tout de même un peu laissée sur ma faim. Par contre, pour ce qui est de la narration par l’ouvrier voyeur, là, je dois avouer que la conclusion était superbe, et relevait (légèrement) le niveau de ces passages peu intéressants. Là, au moins, j’ai commencé à en saisir le sens. Ce n’est pas comme les années 2000, où là, par contre… (OUI, j’arrête.)
La couverture m’a beaucoup plu. Les couleurs sont très bien choisies, et s’associent très bien avec l’histoire. Les symboles de cette image sont évidents, mais tout à fait en harmonie avec le récit. Tous les contrastes présents forment un ensemble qui attirent vraiment l’oeil. Bon, pour le titre, en revanche, je ne suis pas fan, un effort aurait pu être fait, le titre éponyme, c’est vu et revu, alors qu’à l’intérieur, on a quelque chose de nouveau. Dommage !
Dans l’ensemble, il s’agit donc d’une bonne lecture. Elle aurait pu être démente, mais malheureusement, quelques soucis de narration l’en ont empêchée. J’en garderai toutefois un bon souvenir, et un certain enrichissement historique. Je vous invite donc à vous pencher sur ce roman, en vous prévenant tout de même que la narration pourra se révéler laborieuse, mais en vous souhaitant d’être moins gênée que moi par cet inconvénient…
J’ai bien aimé ! |
Livre se trouvant dans ma propre bibliothèque.
Livre reçu dans le cadre de la Masse Critique de Babelio par les éditions La Joie de Lire. Merci à eux !
Ce roman a l'air interessant, même si la triple narration me fait un peu peur…
En tout cas, merci pour la découverte, je ne connaissais pas cette maison d'édition.
Il est vrai qu'elle est assez rebutante, mais le reste est tellement beau… Tente quand même, vraiment, rien que pour la mémoire des soldats partis en Algérie, pour comprendre.
Mais de rien, ce n'est pas le premier ouvrage d'eux que je lis, et ils font de très belles choses ! 🙂