Titre : L’Etranger
Auteur : Albert Camus
Editions : Folio
Année de parution : 2005
Pages : 120 pages
Prix : 5,80 €
Résumé :
« Quand la sonnerie a encore retenti, que la porte du box s’est ouverte, c’est le silence de la salle qui est monté vers moi, le silence, et cette singulière sensation que j’ai eue lorsque j’ai constaté que le jeune journaliste avait détourné les yeux. Je n’ai pas regardé du côté de Marie. Je n’en ai pas eu le temps parce que le président m’a dit dans une forme bizarre que j’aurais… »
Mon opinion personnelle :
Tout le monde connaît ce roman, au moins de nom. J’ai eu à le lire pour les cours (1ère L, Français), et me suis donc plongée dans cette lecture assez enthousiaste et curieuse. Au final, je ne dirais pas que j’ai été déçue, mais j’ai moins apprécié que je ne l’espérais.
Le narrateur, Meursault, est spécial. OK, disons-le, il est carrément glauque. Très particulier, très blasé et détaché, il a plutôt tout d’un anti-héros. Bien entendu, c’est fait exprès. Mais c’est très déstabilisant, parce qu’on ne sait absolument pas dans quel sens le prendre. Ce protagoniste, censé paraître antipathique, m’a beaucoup plu. J’ai trouvé en lui quelque chose de touchant, de réel. Il en deviendrait presque drôle, tant il semble désabusé. Sa compagne, Marie, est, en apparence, plus normale. Pimpante, joyeuse, elle apporte à cet étonnant couple un peu de dynamisme. Néanmoins, elle est elle aussi assez étrange : Naïve ou conciliante, on ne sait jamais trop. Je souhaite juste parler d’un autre personnage, Raymond. Alors lui… Il est l’homme grossier type, orgueilleux, mauvais. Il m’a vraiment marquée, à cause de sa cruauté et de son hypocrisie. Si tout le monde dans cet ouvrage est à peu près sympathique, lui, il semble avoir pris pour tout le monde, clairement.
Le style de Camus est très intéressant. Il regorge de procédés stylistiques ; on sent que chaque mot est mûrement réfléchi avant d’être couché sur le papier. Néanmoins, la lecture n’est pas lourde ou compliquée. Elle reste fluide et accessible, captivante, avec un rythme excellent. Plutôt court, cet ouvrage se déguste et laisse beaucoup à penser. Il n’y a pas énormément d’action, cependant, il est impossible de s’ennuyer, car chaque élément est lourd de sens. Je ne sais pas très bien l’expliquer, mais il y a tant de logique, qu’on se plie immédiatement à l’écriture de Camus. Ce texte est loin d’être singulier, il est au contraire hors du commun, mais à la lecture, il est si bien mis en valeur qu’il en paraît presque « normal », et se rend ainsi étonnement simple.
L’intrigue est, selon moi, assez surprenante. Je ne m’attendais pas vraiment à cela. Elle est relativement sombre, la mort est omniprésente. En effet, le ton est donné dès la première phrase, et ce côté légèrement morbide restera jusqu’à la fin. L’histoire est divisée en deux parties, l’avant, et l’après. Personnellement, c’est la première qui a le plus retenu mon attention. Celle-ci aborde de nombreux « problèmes » de société, tels que la violence domestique, le mariage, la vengeance… Rien de bien gai, plutôt beaucoup de sérieux. Normalement. Mais en réalité, dans ce bouquin, tout est traité avec une nonchalance frappante. Rien n’a l’air d’être important ou émouvant, pas plus que le fait de croquer dans une pomme. C’est assez décontenançant, mais ça fonctionne très bien. L’hypocrisie du conformisme social est ainsi explicitée, et dénoncée. A côté de cela, il y a aussi le récit d’une vie. Sa simplicité. On découvre le quotidien de Meursault, là-bas, en Algérie, et on se rend compte à quel point la vie est faite d’illusions, de faux-semblants. Certains passages m’ont fortement marquée, comme par exemple celui sur le vieux Salamanco et son chien. J’ai trouvé qu’il avait une résonance conséquente, comme une poigne de fer qui vous maintient et vous force à ouvrir les yeux. La deuxième partie est bien plus délicate. Elle s’apparente plus à un huis-clos, et se concentre ainsi plus sur l’état d’esprit de Meursault que sur ses actes. La particularité du narrateur est bien de ne jamais accorder de l’importance ou de la considération à quoi que ce soit, de ne jamais exprimer la moindre émotion ou le moindre avis. Seuls ses faits et gestes sont consignés, comme un programme récité. Alors, dans un lieu fermé, avec très peu d’actions, et un homme amorphe, qu’allons-nous avoir à lire ?! Curieusement, il y a tout de même de la matière. C’est toute la magie de ce texte. Il y a toujours quelque chose d’intéressant à lire, quelle que soit la situation. On est ici plus dans une phase de réflexion, de remise en question. Après en avoir pris plein la figure, le lecteur peut songer, prendre du recul. C’est donc une autre forme d’intrigue, pertinente à sa manière.
Que dire de la chute ? Elle est, à l’image du reste, déstabilisante. Et pas drôle du tout. Encore une fois, c’est amené avec tant de détachement, de banalité, que c’en est presque effrayant. Tout s’accélère, mais il reste encore quelques détails à régler. Quelques thèmes que Camus n’avait pas encore abordés, et qui, pourtant, ont leur part de responsabilité dans la fausseté de notre société. Le livre s’arrête un peu avant sa véritable fin. C’est curieux de dire cela, mais c’est vrai ! Je pensais qu’on irait encore plus loin, mais non. Finalement, c’est bien comme ça. On ne peut pas dire qu’il s’agit d’une fin ouverte, mais on ne peut pas dire qu’elle est close non plus. C’est un équilibre assez fragile entre les deux, qui offre au lecteur une fin de lecture plus brutale. Ainsi, l’esprit est plus marqué. On ne peut pas oublier ce roman, pour la simple et bonne raison qu’il n’apparaît pas véritablement achevé, et qu’il continue forcément de vous hanter.
De toute évidence, le titre reflète parfaitement bien le texte. Simple et direct, il annonce la couleur, et sonne comme une mise en garde. J’ai, en revanche, vraiment du mal avec cette couverture. Edward Hopper est un peintre que je n’apprécie vraiment pas, surtout depuis que je me suis endormie devant le film Shirley. C’est très personnel comme ressenti, mais en plus de ça, j’ai du mal à saisir le lien… Bref, ce n’est pas ma couverture préférée dans toutes celles qui existent pour L’Etranger.
Ce roman est donc une belle découverte, un classique que tout le monde devrait lire. Il y a un fond très prenant, une morale flamboyante. Même s’il est particulier, cet ouvrage traite de notre société à tous, nous concerne tous. Certes, j’espérais autre chose, plus de péripéties par exemple, mais ce livre n’en reste pas moins cinglant. A lire, vraiment !
J’ai bien aimé ! |
Livre se trouvant dans ma propre bibliothèque.
Un classique que j'avais bien aimé lire pour les cours =)
Comme beaucoup de personnes j'ai l'impression 😉
C'est un livre que j'ai toujours voulu lire mais je ne me suis toujours pas lancée ! Je pense que 2015 sera sûrement la bonne année 🙂
Je te le souhaite vivement !
Je l'ai lu aussi pour les cours et j'avais vraiment bien aimé ce côté étranger, justement :p je pense lire la peste aussi, si j'ai le temps !
On m'a dit qu'il était très bien celui-là, donc je pense tenter aussi l'expérience ! 😉
C'est un livre qui est sur ma wish-list, et que j'ai grande envie de lire, ton avis ne fait que réconforter (encore une fois !) le mien.
Merci pour la chronique 🙂
N'hésite pas, je serais ravie de lire ta chronique !
Je l'avais lu dans le cadre des cours et j'avais beaucoup aimé 🙂
On a tous le même refrain à ce que je vois 😉
Ah Camus, tu as beaucoup de chance de l'étudier ! ^-^ L’Étranger est un livre assez particulier… Moi je l'avais trouvé merveilleusement monstrueux, et, d'une certaine façon, fascinant. Même s'il reste dérangeant. Bref, ce n'est pas non plus mon livre préféré de Camus même si je l'aime beaucoup ; pour ma part je te conseille vraiment Caligula, ou dans un autre style La Peste, si tu veux continuer à découvrir cet auteur. Enfin voilà, j'arrête là avec ma propagande, mais vraiment c'est un écrivain et un penseur que je trouve extraordinaire :3
J'ai surtout la chance d'avoir un prof qui ne cautionne pas uniquement Zola, Maupassant et Balzac, et qui nous fait toucher à tout, du vieux et du moins vieux. Je comprends carrément ton ressenti à propos de ce livre, et tu as bien raison de faire ta propagande et de me donner envie d'en découvrir plus sur cet auteur, je vais vraiment me pencher sur Caligula et La Peste alors, merci ! ;D