Titre : Lundi, couscous
Auteur : Lorris Murail
Editions : Nathan
Année de parution : 2014
Pages : 144 pages
Prix : 5,50 €
Résumé :
« Le petit train des quatrièmes s’est formé. Je frappe à quelques dos au hasard. – Eh ! les gars, vous avez vu ? Chanthou et Malik et Tamara et Mahmut et… vous les avez vus, dans le minibus ? Ils sont virés pour de bon… hé ! vous m’écoutez ? Pas seulement du bahut. Virés de chez nous. De la France, de la Gaule, de l’hexagone, du territoire national… la patrie ! Vous n’avez pas vu ? Ils n’ont pas vu. »
Mon opinion personnelle :
Je commence par remercier Samia et les éditions Nathan pour cet envoi !
En recevant ce petit livre, je ne savais pas spécialement à quoi m’attendre. Très jeunesse, mais abordant un sujet houleux et plus que d’actualité, il y avait donc du tentant et du moins tentant. Après lecture, je vous confirme que mes craintes étaient fondées : Pour moi, ce n’est pas une grande réussite du tout…
J’ai eu du mal avec les personnages, que j’ai trouvé, en dépit de leur âge, très immatures. Ce sont des 4èmes, ils sont censés avoir un minimum de réflexion. Là, niveau suite dans les idées, bah on ne vole pas bien haut. Bref. Le narrateur, Arno, est sympathique, agréable, drôle. Mais pas très futé, quoiqu’il soit le moins benêt de tous… Sensible, il permet au récit de ne pas totalement tourner au ridicule. La petite Chantou m’a bien plu, fragile et victime de la connerie de notre société actuelle. Elle représente l’espoir, la force. Autrement, en ce qui concerne les autres enfants… Je ne suis pas convaincue, on restait énormément dans les clichés, qui en devenaient presque péjoratifs.
Le style d’écriture de l’auteure était plutôt intéressant. Captivant, accessible, jeunesse mais pas trop ; ça fonctionnait. Un peu d’humour, des sujets sensibles : Ca perdait de les rendre plus attrayants vis-à-vis du jeune public. Ce petit roman se lit très vite, le rythme de lecture est bon. Certes, ce n’est pas de la grande littérature, mais c’est fluide, et c’est le principal avec ce genre de bouquins.
Néanmoins, j’ai eu un véritable problème avec l’intrigue. Je ne sais pas comment vous expliquer ça sans trop vous spoiler. Bon. Dans ce livre, le racisme et la xénophobie sont les éléments principaux de ce texte. Jusque là, ça va. L’idée est bonne, le principe de sensibiliser les plus jeunes à cette discrimination est plaisant, utile. Le début est intéressant, pertinent, bien développé. Le lecteur est de suite mis au parfum, on comprend rapidement la gravité de la situation. Sauf que petit à petit, ça dégénère. Vraiment. De deux façons différentes, qui s’opposent totalement. La première est cette exagération totale des expressions, des sentiments. Oui, c’est fait exprès, mais ce n’est pas une raison pour faire perdre toute crédibilité à l’histoire. C’est dommage, elle perd déjà de son charme. La seconde m’a plus alertée que déplu : La légèreté avec laquelle les thèmes sont abordées. C’est voulu, dans un sens. Mais ça n’excuse pas tout. C’est un bouquin pour des enfants, qui ne connaissent pas encore le second degré. C’est trop implicite, ça donne l’impression que tout ceci n’est pas grave, que bon, on peut jouer avec ça, mais non ! J’ai été franchement déçue de constater ce problème. Il n’avait de fait plus grand intérêt, et tournait presque au ridicule. Le plus frustrant est que ça partait d’une bonne intention, mais que ça finit par partir en live. On peut déformer des thématiques, mais pas toutes, ou pas de toutes les façons. Là, c’était trop. Ces « détails » mis à part, cette lecture n’est pas si mauvaise : Il y a de bonnes idées dans l’ensemble, qui manquaient cependant d’approfondissement. Je suis peut-être trop exigeante vis-à-vis de ce roman pour plus jeunes, mais j’estime que quand on traite des sujets si complexes et délicats, on va au bout, le superficiel n’est pas intéressant. Un autre souci avec cet ouvrage : Il est très passif. Il se passe des choses, gaies ou moins gaies, mais tout ceci n’entraîne aucune réaction, ni de la part des personnages, ni de celle du lecteur. C’est déroutant, presque gênant. Alors oui, dans ce livre, il y a de la matière. Sauf qu’elle est mal exploitée, et qu’elle finit par être tristement gâchée, à mon sens. L’idée était bonne, le sujet était bon, mais les deux ensemble, c’est comme l’huile et l’eau : Ca ne se mélange pas. (Je parle de sciences, que m’arrive-t-il ?)
La chute est comme le reste du bouquin : Bien pensée, mais mal mise en scène. Revirement total de la situation, morale ; vu de loin, ça semble prometteur. Mais pas comme ça ! Encore une fois, c’est trop « vulgarisé », trop simplifié. On ne change pas les hommes facilement, alors on ne clôture pas un livre si aisément. Il manque de la réflexion. Il y a de bons éléments, des citations mignonnes et touchantes, des idées enrichissantes. Il pourrait y avoir un bon résultat. Toutefois, ça manque de sérieux, d’humanité. J’avais clairement l’impression que l’aventure n’avait servi à rien, que les pré-ados se fichaient totalement de ce qu’ils étaient censés avoir appris, que ça leur passait au dessus. Il manquait de réalisme, et y perdait de son charme, malheureusement. C’est bien de voir la vie en rose, mais pas de se bercer d’illusions.
Le titre est attirant, symbolique, drôle. Ce n’est pas spécialement mon délire, mais pourquoi pas. La couverture me paraissait en harmonie avec le récit, intéressante. Après lecture, j’en ri : Elle représente en fait l’inverse. Je n’en dis pas plus, mais c’est drôle, celui qui a imaginé la couverture n’a pas lu le bouquin ou bien ?… Ou alors c’est moi qui n’aie rien saisi de l’histoire…
Voilà donc un bouquin qui ne m’a pas vraiment convaincue. Je sais, je suis cassante, mais vous nous connaissez à la longue, ma grande gueule et moi ! Bien qu’il soit bien écrit et facile à lire, il n’est, d’après moi, pas la meilleure façon d’aborder la discrimination avec des enfants, et finit presque par véhiculer l’inverse du message de base. Un loupé pour moi, dommage…
Je n’ai pas aimé… |
Livre se trouvant dans ma propre bibliothèque.
Livre reçu dans le cadre du partenariat avec les éditions Nathan. Merci à eux !
Salut !
Ta chronique était très interessante à lire. Dommage que le sujet ne soit pas traité en profondeur. Pour ce genre de livre,il faut y aller à fond sinon, autant ne rien écrire …
Le problème, c'est que l'on a trop tendance à penser que les jeunes ne comprendront pas ceci cela, et alors on survole le sujet. Sauf que c'est faux !
en tout cas, je le lirai peut- être si je tombe dessus, pour voir et me faire un avis dessus, même négatif .
Hello !
Tu ne pouvais pas mieux résumer la situation. N'hésite pas à repasser si tu lis ce roman, je serais curieuse de connaître ton avis à son propos…
Bonne lecture !