Titre : La Leçon
Auteur : Eugène Ionesco
Editions : Folio
Année de parution : 91 pages
Prix : 5,80 €
Résumé :
La leçon est l’une des pièces les plus jouées et les plus lues d’Eugène Ionesco. Elle commence comme une satire hilarante de l’enseignement, pour faire allusion ensuite à de savantes théories linguistiques ; le ton, alors, change : la farce se termine en tragédie. Mais cette tragédie est, elle aussi, parodique : chacun lui donne le sens qu’il veut.
Mon opinion personnelle :
Comme beaucoup, je connaissais cette pièce et ce dramaturge de nom, sans jamais m’y être spécialement attardée. J’ai eu à la lire pour les cours (Français, 1ère L), et, malgré son côté plutôt très particulier, j’ai adoré.
Il n’y a que trois personnages dans cette pièce. La moins présente est la bonne, Marie. Pourtant, elle est le pilier du texte, le cerveau, la raison. J’avoue avoir eu du mal à la cerner, mais au final, elle est très intéressante, un poil glauque cependant. La majorité de la pièce est donc animée par le dialogue entre le Professeur, et l’Élève. Le premier est bien entendu très flippant, lunatique, presque pervers, c’est une homme aux mille facettes, irrationnel, mais que l’on sent très travaillé. La seconde est elle aussi terrifiante, mais à sa façon. D’apparence, elle paraît vide, fade. Mais elle est en réalité très réfléchie, et, bien qu’elle ressemble à un pantin désarticulée, elle cache bien son jeu… Evidemment, c’est du théâtre, il est donc difficile d’analyser ainsi des répliques, mais j’ai été agréablement surprise de constater que Ionesco parvenait à donner de vraies personnalités à ses personnages.
J’ai beaucoup aimé le style du dramaturge. Normalement, lire une pièce de théâtre n’est pas très réjouissant, car la vie et le relief manquent. Là, ça ne se ressent pas beaucoup. Les émotions qui passent à travers le texte sont tellement fortes et contradictoires qu’on vit la pièce plus qu’on ne la lit. Pourtant, ce n’est pas du grand vocabulaire, c’est de l’absurde. Toutefois, les phrases sont tellement riches, il y a le superficiel et la profondeur qui se mêlent en elles pour un résultat surprenant. C’est captivant, on se sent possédé. La pièce passe à une vitesse folle, sans jamais s’essouffler. A jouer, elle doit être excellente, pas simple, mais fantastique au niveau du jeu d’acteurs. A voir, je l’imagine dérangeante, mais passionnante…
Cette pièce n’est pas très longue, mais elle est néanmoins énorme. Je m’explique. Le début se fait tout en douceur, l’absurde est très présent. On sourit, on s’amuse, on se divertit. Certes, on s’imagine bien que tout ne va pas rester ainsi, que d’une manière ou d’une autre, ça finira par basculer. On suit donc une leçon, leçon de quoi, bonne question. De tout et de rien. Surtout de rien en fait. Bref. Tout semble normal (Ou presque…) et se déroule sans encombre. Et puis, petit à petit, sans qu’on s’en rende vraiment compte, l’histoire bascule dans quelque chose de bien plus sombre. La transition est très discrète, mais lorsqu’on comprend finalement dans quoi on vient de tomber, ça devient délicieusement sadique. C’est loin d’être gai, c’est de l’humour noir, un brin glauque. Mais c’est terriblement bien pensé et amené. Ça peut mettre mal à l’aise, mais personnellement, j’ai trouvé que ça relevait du génie. C’est si méticuleux, si osé… Les répliquent se transforment en un bal endiablé et maudit qui semble ne jamais s’achever, c’est époustouflant. Il y a tellement de choses qui se dégagent de simples petites phrases ou même simplement de mots… Les personnages évoluent énormément tout au long du texte, c’est frappant, même juste en lisant. La tension est palpable, les choses dégénèrent, l’histoire est carrément hypnotique. Ça va crescendo, on monte jusqu’au paroxysme de la folie, de le perversité, on se sent habité, pris d’une ivresse qui ne veut plus vous lâcher. Et puis, brusquement…
La chute arrive. On tombe de haut, c’est un contraste énorme avec le début du texte. Pour ne pas vous spoiler, j’ai supprimé une partie du résumé, trop bavarde, que j’ai malheureusement lue avant de commencer ma lecture. Mais vraiment, c’est très bien pensé. Bien entendu, il ne faut pas être trop sensible, car c’est quand même très osé. J’ai particulièrement apprécié la façon dont Ionesco boucle la boucle, et met les choses au clair. Tout prend soudainement son sens, c’est magique, quoiqu’un un peu glauque, bref, c’est dément.
Bon, pour le livre-objet, je suis moins fan. La couverture me fait plutôt peur, (En même temps…) et n’est pas, selon moi, ce qui représente le mieux l’histoire. De même pour le titre, qui est certes symbolique, mais qui n’a pas ce petit grain de folie qu’on retrouve dans la pièce. Après, possible qu’il y a ait un sens que je n’ai pas perçu !
Courte chronique pour courte pièce, mais quelle pièce ! Je vous la recommande très vivement, à lire, à voir ou à jouer, ça vaut le détour. Ingénieuse et séduisante, elle ne vous laissera pas de marbre, frissons garantis… Dorénavant, j’ai vraiment envie de mieux découvrir Ionesco, et vous invite fortement à faire de même !
J’ai adoré ! |
Livre se trouvant dans ma propre bibliothèque.
Salut!
J'avais lu ''Rhinocéros'' du même dramaturge, et j'avais globalement apprécié. Je te conseille de le lire, il te plaira sans doute, c'est surtout la critique qui est interessante: les rhinocéros représentant la montée du totalitarisme dans le monde (notamment celle du régime soviétique)
En tout cas ton avis m'encourage à lire cette pièce dont j'avais entendu parlé, mais le côté ''absurde'' me rebutait un peu. on compare souvent Ionesco à Beckett et, comment dire… ''En attendant Godo'' me paressait…au delà de mes capacités !
Mais tu m'as fait changer d'avis !
Alors je note Rhinocéros, même si j'ai du mal avec l'animalisation des régimes totalitaires, par exemple, La ferme des animaux m'avait passablement agacée. Mais avec du théâtre, ça peut passer !
Franchement, ce n'est pas un absurde ridicule et pompeux, c'est juste drôle, alors laisse-toi tenter… Je pense que tu ne le regretteras pas !
Je peux comprendre que ''la ferme des animaux'' t'ai agacée, c'est vrai que des cochons qui apprennent à lire, qui construisent des moulins etc, peut être barbant, mais vu le contexte historique, ça permettait de pousser plus loin la critique. Perso, vu la longueur du livre, j'ai supporté !
Maintenant c'est sûr, je dois absolument lire ''la leçon'' je crois que c'est une de ses premières pièces ?
C'est vrai, mais je reste peu friande des animalisations aussi fortes.
Exact, la troisième il semblerait 😉
Ca y est, il est dans ma PAL !
Bon choix, j'espère que tu aimeras ! N'hésite pas à venir partager ton avis !
Je ne connais pas cette pièce mais comme j'aime bien le théâtre je note ^^
Je t'invite vivement à t'y intéresser !