Titre : Tout ça pour quoi
Auteure : Lionel Shriver
Editions : J’ai lu
Année de parution : 2014
Pages : 570 pages
Prix : 8,40 €
Résumé :
New York, 2005. Sa société de services vende, Shep peut enfin profiter du petit pactole qu’il a touché pour réaliser son rêve : Partir vivre avec sa famille sur une île au large de Zanzibar. C’est alors qu’il apprend que sa femme, Glynis, est atteinte d’une maladie rare qui nécessite des soins coûteux. A mesure que fondent les économies s’efface le rêve. Loin du paradis tant espéré, Shep affronte le cynisme, les plaintes, la tristesse, les silences. Shep supporte tout, jusqu’au jour où…
Mon opinion personnelle :
Je commence par remercier les éditions J’ai lu pour cet envoi !
J’ai eu l’occasion de recevoir et de lire cet ouvrage dans le cadre de mon émission radio La Bookinade. Je l’ai en fait choisi en voyant que l’auteure était celle (Oui, c’est une femme, Lionel est un pseudonyme) d’un roman qui me tente énormément, Il faut qu’on parle de Kévin. J’espérais être séduite par cet autre ouvrage, et je l’ai heureusement été…
Les personnages sont très surprenants et très attachants. Shep est un homme plein d’ambition, pour qui tout semble aller bien, et qui, pourtant, ne semble pas heureux. Ce genre de personnages m’intrigue toujours, un peu mystérieux, en décalé avec le monde. Sa femme, Glynis, a un très fort caractère, et n’a peur de rien. Déterminé et audacieuse, elle cache tout de même, elle aussi, quelque chose d’anormal. Leur couple d’amis est lui aussi plutôt atypique. Jackson.. Ah mon Dieu, comment rester sérieuse cinq minutes à propos de ce personnage, quand on sait ce qui lui arrive ? Cet homme est étrange, mais très touchant. Pas forcément très à l’aise, blessé par la vie, il attire facilement la pitié du lecteur. A l’inverse, sa femme, Carol, est bien plus froide, et antipathique. L’auteur cherche bien à la rendre la moins agréable possible, sans pour autant tomber dans la caricature de grosse méssante. Les enfants de ces couples sont un peu plus fades, moins mis en avant, et surtout moins travaillés, à l’exception d’une : Flicka. Cette jeune fille, qui n’a pourtant pas la vie très simple, est stupéfiante : Un excellent sens de la répartie, et une maturité déconcertante font d’elle une ado pas comme les autres, haute en couleurs. Bref, même si tout ce petit monde change de ce qu’on a l’habitude de voir, il n’en reste pas moins en rade.
L’auteure a un style qui se laisse lire, mais qui demande du temps. En effet, au début, c’est plutôt lent et fastidieux, très pince-sans-rire et pas forcément bourré d’action. Puis, petit à petit, on s’y fait, on s’y plaît. On perçoit l’histoire d’un autre œil, et les idées nous semblent différentes, plus pertinentes. Ce n’est pas un roman dans lequel on se plonge pour se détendre, mais plus pour réfléchir et en apprendre sur la vie. Il s’agit d’un livre qui est loin d’être facile, mais que, d’une façon un peu sarcastique, l’auteure parvient à rendre drôle et douce-amer.
J’ai trouvé l’intrigue intéressante et originale. Certes, la maladie, la désillusion, la douleur : Tout ceci a été vu et revu. Mais là, c’est différent. Cet ouvrage comporte les extrêmes : Le rêve, le paradis, et le cauchemar, l’enfer. L’opposition entre les deux est très nettement présente dès le début, s’efface un peu par la suite, puis fini par revenir. Ce bouquin, c’est comme une vague d’eau salée, ça s’en va et ça revient (C’est fait de tout petits riens… Bon OK j’arrête.) mais ça surprend toujours. Les thèmes abordés sont touchants et difficiles, néanmoins, on ne tombe jamais dans le mélo-dramatique bien lourd, au contraire. L’humour est toujours très présent tout au long de la lecture, rendant les choses moins pesantes. Chaque personnage a son petit quota d’aventures, de péripéties, qui finissent par se croiser entre elles pour former un récit parfaitement structuré. Certaines idées sont relativement osées, j’en ai appris de belles, parfois je n’en revenais pas ! Dans ce livre, rien n’est laissé au hasard, il y a une véritable réflexion derrière chaque élément de l’histoire. D’ailleurs, tout amène à réfléchir, à découvrir une magnifique leçon de vie et d’espoir. Ce bouquin nous apprend à croire, à vivre. Bon, après, il ne faut pas non plus s’attendre à un feu d’artifice de rebondissements, de revirements de situation. La maladie, le cancer, c’est quelque chose de long, de pénible et de morose. Forcément, l’auteure cherche à refléter cet aspect dans son ouvrage, le réalisme étant de mise. Toutefois, ce n’est jamais ennuyant ou redondant, car tout dans ce bouquin ne tourne pas non plus autour du calvaire de Glynis. J’avoue qu’à un certain moment, je commençais à saturer et à me demander quand on allait pouvoir passer à autre chose. Et pile à ce moment-là, il s’est produit un truc incroyable, auquel on ne s’attend pas. Ca relance totalement le récit, et c’est reparti. Ceci montre bien le boulot qu’il y a eu, et permet également de préciser que ce bouquin n’est pas qu’un apitoiement, qu’un long fleuve parsemé de lamentations. Il y a plus, derrière tout ça. Et c’est ça, qui est magique. Et touchant.
De toute évidence, la fin n’est pas un happy end, c’est facile à deviner. Cependant, on pourrait s’attendre à ne pas être surpris, à deviner d’avance la fin. Certes, on l’appréhende, mais il est impossible de se douter de ce qu’il advient réellement. En effet, l’auteure a écrit sa chute d’une façon relativement différente du reste de l’ouvrage. En fait, elle se cale parfaitement sur le cancer : Une grosse partie qui se déroule de façon monotone, et tout qui finit par s’accélérer. Les détails sont mis de côté, on se concentre sur l’essentiel, on comprend ce qui est important dans la vie. Les diverses fioritures s’oublient vite face à la dure réalité des choses. C’est triste, mais c’est beau. Les choix effectués sont très pertinents et coordonnés, à la fois entre eux, mais aussi vis-à-vis du reste du roman. C’est donc un final tout en douceur, mais tout en efficacité. Après avoir fermé le bouquin, j’ai eu le sentiment d’être « en paix », d’avoir bouclé la boucle.
Même si, visuellement parlant, je ne suis pas dingue de la couverture, je la trouve très appréciable, dans le sens où elle est tout à fait symbolique. Il n’y avait pas meilleure façon d’allier île et maladie. De plus, il y a un remarquable travail artistique : L’île en plastique, qui représente l’abstrait de l’idée, le faux, et les médicaments, eux, véritables. Le titre est intéressant, en harmonie avec l’histoire, plutôt attrayante et intrigant. Le travail éditorial est donc largement à la hauteur du reste.
Ce roman est donc une très belle découverte que je vous recommande très vivement. Ce livre est très pertinent, et incite à la remise en question, il donne une autre vision de la vie. On y apprend beaucoup, on s’attache énormément à tout l’univers mis en place. Il faut un peu s’accrocher au début, mais ça vaut le coup, vraiment. A lire !
J’ai adoré ! |
Livre se trouvant dans ma propre bibliothèque.
Livre reçu des éditions J’ai lu pour l’émission La Bookinade. Merci à eux !
C'est vrai que la couverture n'est franchement pas terrible! :/ Mais ton avis donne envie d'en apprendre plus! 🙂
Vraiment, ce livre est un de ceux qui confirment l'expression "L'habit ne fait pas le moine" !
Ce livre a l air super, je cherchais en plus un ouvrage moins jeunesse, je crois que je vais me laisser tenter..
Bonne fin d année a toi !
N'hésite pas, il en vaut le détour !
Merci beaucoup, à toi également !
Allez.. Hop dans ma wish-list 😀
Avec une pareille chronique, je n'hésite pas♥ =)
Héhéhé, j'espère que tu te laisseras tenter ! ♥